Le Tribunal correctionnel de Thonon-les-Bains s'est transportéaujorud 'hui sur les lieux du drame, au passage à niveau d'Allinges. C'est là qu'en 2008, un TER avait percuté un autocar scolaire faisant sept morts. La sécurité de ce passage à niveau est au centre des débats.
Depuis le drame d'Allinges en juin 2008, et après une série d'accidents à des passages à niveau, la SNCF et Réseau ferré de France ont tenté de réduire les risques inhérents à ce type de croisement. Entre 2010 et 2012, un vaste programme d'élimination des 364 passages à niveau jugés dangereux, sur près de 18 000 existants, a été engagé avec l'aide de l'Etat. Mais les procédures peuvent parfois prendre des années. Elles impliquent les communes et les conseils généraux en charge de la voirie, elles réclament des aménagements lourds, voir des constructions, et peuvent, du constat de dangerosité à la mise en place d'une solution, traîner en longueur.
A l'époque du drame, le passage à niveau d'Allinges n'était même pas recensé parmi les croisements jugés à risques. En 2012, 100 collisions ont été dénombrées et 33 personnes ont été tuées sur des passages à niveau en France. Dix ans plus tôt, en 2002, on comptabilisait 179 collisions pour 40 décès.
Transport de justice sur les lieux du drame
Le tribunal de Thonon-les-Bains s'est déplacé mercredi sur le passage à niveau d'Allinges (Haute-Savoie), où sont morts sept collégiens en 2008 dans une collision entre leur car et un TER, au sixième jour du procès en correctionnelle.Durant un peu plus d'une heure, le président du tribunal, Benjamin Deparis, a examiné le revêtement du sol, l'emplacement des signaux lumineux et la butée sur laquelle passe la voie ferrée."Il était important qu'on vienne au plus près de la manifestation de la vérité avant de passer à la phase des plaidoiries et des réquisitoires", a expliqué Me Denis Dreyfus, avocat des parties civiles, qui avait demandé ce déplacement sur les lieux de l'accident."Ce sont des moments difficiles mais utiles, ce sont des moments où la justice rejoint l'humanité"."Ce passage à niveau crève l'écran par sa dangerosité", a estimé l'avocat.
A l'occasion de ce déplacement, des parents ont pu visualiser à quel endroit avait été projeté leur enfant au moment de l'accident.C'est notamment la cas d'Eric Girard, père de Joanna, gravement blessée dans la collision."C'était bien de venir pour qu'on se rende compte qu'il y a des dysfonctionnements sur ce passage à niveau", a déclaré M. Girard."Il y a un feu qu'on ne voit pas. La SNCF vient de s'en rendre compte", a-t-il affirmé.Les représentants de la SNCF n'ont pas souhaité s'exprimer à l'issue de cette visite.