Triste Noël pour les ex-salariés de l'usine Candia de Saint-Yorre, dans l'Allier. C'est aujourd'hui, 24 décembre que s'arrête définitivement l'activité du site condamné à la fermeture par la direction du groupe Sodiaal.
Ce 24 décembre, le site Candia de Saint-Yorre arrêtera son activité. La fin de mois de mobilisation et d’actions pour les salariés dont 8 seulement travaillent encore aujourd’hui dans l’usine de l’Allier.
"C'est une catastrophe de plus pour Saint-Yorre après SEDIVER et Frulact, regrette Joseph Kuchna, premier adjoint au Maire. C'est la disparition de nouveaux emplois. 106 emplois perdus, c'est 106 familles qui sont touchées. Mais nous travaillons avec Vichy Val d'Allier à un dossier de reprise".
L’annonce de la fermeture avait été faite en novembre 2012 . Le groupe coopératif Sodiaal avait décidé de fermer l'usine de conditionnement de lait Candia, à Saint-Yorre dans l'Allier au cours du 2ème semestre 2013. Pour justifier sa décision, le groupe expliquait qu’il voyait "année après année sa compétitivité se dégrader face à la concurrence européenne" et qu’il devait regrouper "la production de la société Candia sur cinq sites de conditionnement de lait de consommation à l'horizon 2014, au lieu de huit actuellement". Outre celui de Saint-Yorre, les autres sites du groupe Candia menacés de fermeture, étaient celui à Lude, dans l'ouest de la France, et celui à Villefranche-sur-Saone, dans le Rhône.
A Saint-Yorre, 106 emplois étaient concernés. « Cela touche les salariés d’une moyenne d’âge est de 35/40 ans" confiait à l’époque Maxime Sanvoisin, délégué du personnel. Sur le site de l’Allier c’était le choc : "Des rumeurs concernant une éventuelle réorganisation circulait mais on ne pensait pas à la fermeture du site", expliquait Maxime Sanvoisin.
Au cours des semaines suivantes, les salariés de Candia à Saint-Yorre, manifestaient leur colère avec notamment plusieurs mouvements de grève. Le 17 janvier 2013, ils décidaient même de bloquer le site et d'entamer une grève illimitée. Ils dénonçaient les décisions concernant les modalités de départ des salariés, jugées insuffisantes. Les salariés réclamaient une prime de départ de 65 000 euros par employé. Plus tard, ils appelleront même au boycott de la marque.
Les pouvoirs publics intervenaient alors : le préfet de l'Allier, Benoît Brocart, organisait une réunion et plaçaient les dirigeants de Candia devant leurs responsabilités, leur rappelant leurs obligations de réindustrialisation et de revitalisation du site, ainsi que le reclassement des salariés. L'avocat des salariés, Me Jean-Louis Borie, déposait auprès du Tribunal de Grande Instance de Paris auprès un recours contre le plan de sauvegarde de l'emploi. Notamment sur les moyens jugés insuffisants et sur les conditions de la consultation du Comité d'Entreprise à Saint-Yorre.
Dans le même temps, aucun projet de reprise sérieux n’était présenté. Un fabricant Suisse de boissons énergisantes sans alcool était venu visiter les locaux. Les salariés perdent peu à peu espoir.
Les relations avec la direction du groupe deviennent alors de plus en plus tendues : en mai 2013, pendant quelques heures, les salariés empêchent des membres de la direction parisienne et régionale de quitter le site de Saint-Yorre en bloquant le portail d’entrée. Cette mobilisation fait suite à la mise à pied pour quelques semaines de deux de leurs collègues sans motif notifié.
Aujourd’hui, sur les 106 salariés concernés, moins d'une dizaine a retrouvé un emploi dans d'autres entreprises ou d'autres usines du groupe. Le site pourrait faire l’objet d’une reprise : Jane France, qui produit des boissons aux plantes rares. Le projet pourrait être finalisé en janvier 2015, mais ne concernerait dans un premier temps qu'une vingtaine de cadres et techniciens et à terme une soixantaine de personnes.