L'avocat général a réclamé mardi 11 février devant la cour d'assises du Var une peine beaucoup plus lourde en appel à l'encontre de l'ancien entraîneur de tennis Régis de Camaret, soit "12 à 15 ans" de prison, en le jugeant coupable du viol de deux stagiaires
mineures il y a vingt-cinq ans.
L'accusé de 71 ans avait jusque-là uniquement pris la parole pour nier avoir violé, alors qu'elles avaient 13 ans, Stéphanie et Karine, les deux seules parties civiles, aujourd'hui des mères de famille de 37 ans profondément traumatisées.
Le verdict des jurés, huit femmes et quatre hommes, est attendu dans la soirée.
En première instance, en novembre 2012 devant la cour d'assises du Rhône, Régis de Camaret avait été condamné à huit ans de prison, après un réquisitoire de "10 à 12 ans". A Lyon, Régis de Camaret avait demandé pardon à Stéphanie.
L'avocat général Philippe Guemas a estimé mardi à Draguignan que "l'appel" de l'ex-entraîneur était "assez sordide", car son prix est "la douleur des victimes" qui ont été "replongées dans le cauchemar". "On essaie de grappiller quelques années. On se fiche totalement des dégâts", a assené le représentant du ministère public, en estimant qu'il n'y avait "strictement aucun doute sur la culpabilité" de l'accusé. Philippe Guemas avait auparavant relu les témoignages de 22 femmes "remarquables de dignité", venues à la barre à Draguignan pour évoquer des faits désormais prescrits. "Il est hors de question de faire l'impasse sur l'ensemble de ces dépositions", a estimé l'avocat général.
Une façon de répondre à l'avocat de l'accusé, Eric Dupond-Moretti, qui n'a eu de cesse de vouloir centrer les débats sur les deux parties civiles. Me Dupond-Moretti a d'ailleurs interpellé avec virulence l'avocat général, accusé de faire "du populisme". "Vous jouez sur la dictature de l'émotion", a-t-il dit, en menaçant d'un pourvoi en cassation. Fustigeant l'importance accordé à des témoignages prescrits, il a estimé qu'on avait fait "artificiellement revenir" ces femmes devant le tribunal, pour une "psychanalyse à ciel ouvert". "Jugez-le le moins mal possible", demande l'avocat. Me Dupond-Moretti s'est attelé à mettre en exergue des variations dans les dépositions des parties civiles et à mettre en doute la réalité des viols. Mais il a fini par admettre que "c'est très difficile au crépuscule de sa vie de reconnaître qu'on est un salaud". "Jugez-le, le moins mal possible", a-t-il conclu face aux jurés, sans demander un acquittement.
Les avocats de deux femmes parties civiles ont souligné ce mardi que Régis de Camaret "a menti". Une opinion partagée par l'avocat général: "S'il y en a un qui a varié dans ses dépositions, c'est Régis de Camaret". Parmi toutes ses anciennes élèves entendues, âgées de 37 à 50 ans, dix ont évoqué des viols ou des tentatives de viols et douze des attouchements sexuels, a détaillé l'avocat général.
Durant le procès, Régis de Camaret, "c'était du silence, je dirais que c'est du mépris" face aux femmes venues témoigner, a-t-il fustigé avant la déclaration finale de Camaret. "Je sais que vous n'avouerez jamais" avait-il dit à l'accusé, "pourtant cela aurait été à votre crédit, vous auriez pu retrouver une petite once de dignité".