La CNR, seule société à majorité publique gérant la totalité d'un fleuve, fête son anniversaire mercredi près du barrage de Pierre-Bénite (Rhône), en présence de la ministre de l'Ecologie. Une histoire qui devrait durer : sa concession a été prolongée vendredi soir à l'Assemblée au-delà de 2023.
Créée en 1933 par Edouard Herriot, maire de Lyon et ancien chef du gouvernement, et Léon Perrier, député puis sénateur de l'Isère, l'entreprise a eu dès son origine des actionnaires privés et publics.
Au fil de l'eau, à partir de 1934 jusqu'à 1948, la CNR a développé 19 barrages hydroélectriques sur le Rhône, puis créé 27 sites industriels et portuaires et 14 écluses à grand gabarit, notamment. Des aménagements monumentaux sont gravés dans les mémoires : en 1935, la CNR entame les travaux du barrage de Génissiat (Ain), ralentis par la Seconde Guerre mondiale. Pour que l'ouvrage ne profite pas à l'ennemi, ce dernier est inondé en juin 1940, tandis que de nombreux ouvriers du chantier rejoignent le maquis.
"Aujourd'hui, Bruxelles souhaite que l'hydroélectricité française soit ouverte à la concurrence, l'idée du gouvernement est de rassembler ces ouvrages", explique Elisabeth Ayrault, présidente de la CNR, "nos 19 ouvrages sur le Rhône sont pilotés dans un lieu unique, il est très important que les élus et les territoires puissent avoir un seul interlocuteur".
Dans le "cocpit", de la météo au trading
Ce "lieu unique" baptisé "Cocpit", créé en 2001 au siège de la CNR à Lyon, assure la gestion de tout le fleuve, de la Suisse à la Méditerrannée. De nombreux corps de métiers y cohabitent: surveillance des barrages et des centrales, prévisionnistes météo, jusqu'aux traders rivés devant des écrans pour vendre l'électricité sur le marché de gros, "afin de maximiser le chiffre d'affaires", explique Frédéric Storck, directeur de l'énergie à la CNR. "Ces activités regroupées sur un même plateau, c'est très rare, cela nous a permis d'accroître la valorisation de cette énergie hydroélectrique", ajoute-t-il. Le Rhône produit une moyenne annuelle de 14,3 terrawatts heure, soit 3% de la production nationale.
Avec ses missions d'intérêt général, la CNR "permet aussi aux riverains du Rhône de se réapproprier le fleuve", fait valoir Cécile Magherini, directrice régionale sur le secteur de Vienne, citant une vélo-route aménagée le long du fleuve – la "Viarhôna" - la réhabilitation de berges et une remise en état des "lônes", d'anciens lits du fleuve protégés.
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