Christian Prudhomme, le directeur du Tour, a dessiné le parcours de l'édition 2015 qu'il a qualifié d'"atypique" lors de sa présentation mercredi à Paris : en huit questions, il nous décrit cette 102 ème édition.
Est-ce un Tour plus montagneux ?
"Il n'est pas plus montagneux que les autres puisqu'il y a deux cols de moins qu'en 2013. En revanche, il y a vraiment une partie de plaine et une autre de montagne. En 2015, ce seront les quarante ans du maillot à pois (de meilleur grimpeur) et on souhaitait mettre de la montagne, qui sera surtout condensée dans les deux dernières semaines. Avec, pour la première fois dans l'histoire du Tour de France, l'Alpe d'Huez à 24 heures des Champs-Elysées."
Vous avez opté pour très peu de contre-la-montre...
"La tendance générale est à la diminution du nombre de kilomètres de contre-la-montre. Il y a une volonté de notre part que la course ne soit pas bloquée. L'an dernier on avait mis un chrono long à la veille de l'arrivée, cette année il y aura un chrono d'entrée et un autre par équipes."
Pourquoi avoir remis les pavés pour la deuxième année de suite ?
"Dès lors qu'on rentrait en France par le Nord, nous n'avions pas l'intention de passer ostensiblement à côté des pavés. Comme à l'époque de Bernard Hinault et Joop Zoetemelk, il y aura deux années consécutives de pavés sur une portion comparable à 2010 et 2014."
Comment qualifier ce parcours ?
"Atypique. C'est la première fois depuis dix ans que l'on revient à huit jours dans la plaine, mais une plaine très différente de ce qu'on a pu connaître. On a cherché toutes les aspérités possibles, le Mur de Huy, Mûr-de-Bretagne, les pavés, des étapes aussi où le vent pourrait jouer un rôle capital, la digue de Zélande, les falaises d'Etretat avant Le Havre. Puis la montagne bien sûr. Il y aura de quoi faire un Tour haletant et, j'espère, plein de rebondissements."
Ce sera dur pour les sprinteurs ?
"Ils devront s'adapter mais ça favorisera sans doute dans la première semaine un plus grand nombre de sprinteurs. John Degenkolb trouvera autant d'arrivées à son goût que Marcel Kittel."
Pourquoi cette étape ramassée entre Arras et Amiens ?
"Il y a une volonté d'avoir une étape pour sprinteurs mais aussi une étape de mémoire. On va passer par les champs de bataille de la Somme, une des batailles les plus meurtrières de la Première Guerre mondiale et cette étape sera lue d'une autre manière dans d'autres pays. J'ai appris que la nation australienne s'est fondée sur les batailles autour d'Amiens, à Villers-Bretonneux notamment."
Est-ce un Tour pour les grimpeurs ?
"Si on ne grimpe pas, on ne gagnera pas le Tour 2015, mais c'est vrai quasiment tous les ans, encore plus cette année. L'absence de chronos et la montagne condensée doivent permettre des tactiques offensives. Le contre-la-montre a souvent bloqué la course, là on a un Tour qui en est presque dépourvu, mais attention les secondes pourront coûter cher. Quand tout est regroupé en deux minutes, tout devient possible, le leader a beaucoup plus d'adversaires à surveiller, la tactique devient plus compliquée."
La performance des Français dans le Tour 2014 a-t-elle pesé ?
"Non, mais je m'en suis évidemment réjoui. Le parcours leur facilitera peut-être la tâche mais il faut se méfier des hypothèses que l'on échafaude. On se rend compte après coup que ce n'était pas du tout le cas, sauf quand on a affaire à un géant comme Eddy Merckx."