Sandrine Nauton, policière formatrice anti-drogue était l’invitée de Jérôme Doumeng ce mercredi midi. Elle a évoqué le Colloque national sur la prévention des conduites addictives chez les jeunes qui s'ouvre ce mercredi à Clermont-Ferrand.
Ce mercredi après-midi et pour 3 jours, un colloque national se tient à l'INFPN (Institut national de la formation de la police nationale) de Clermont-Ferrand sur la prévention des conduites addictives chez les jeunes. Dans cet espace de dialogue, policiers et gendarmes apprennent à adapter leur comportement face à un tel public auquel ils sont confrontés. Le capitaine Sandrine Nauton, policière formatrice anti-drogue était l’invitée de Jérôme Doumeng ce midi.
JD : Ce colloque est-il une "mise à jour" à propos de pratiques addictives en permanente évolution ?
SN : Oui, effectivement. il s'agit d'un temps d'échange entre différents acteurs, que ce soient les policier formateurs anti-drogue de la police ou les formateurs anti-drogue de la gendarmerie. C'est un temps d'échange entre nous et un temps de formation pour approfondir ces méthodes d'intervention auprès d'un public de jeunes potentiellement confrontés à des tentations de consommation de substances dangereuses d'un point de vue de la santé publique et de la sécurité publique.
JD : Pour faire le point sur ces pratiques, vous avez réuni face à vous un collège de personnes proches de ces addictions, que ce soient des chercheurs de l'Inserm, des psychologues, des psychiatres. Ce sont eux qui vous font cette "mise au point" sur ces pratiques en permanente évolution ?
SN : Effectivement, c'est important de travailler avec ces professionnels qui sont tous les jours au contact de ces jeunes qu'ils peuvent rencontrer dans des contextes de consommation très souvent problématiques.
JD : Quels sont les enseignement qu'on peut en tirer ?
SN : On peut en tirer des enseignements sur ce qui fait qu'aujourd'hui, un jeune peut être tenté de consommer ou pas un produit, dans quel contexte cette tentation peut apparaître et puis comment ces jeunes font pour prendre des décisions responsables qui les protègent et qui protègent aussi leurs amis.
JD : On va voir un tableau de la situation des jeunes ici dans la région Auvergne :
JD : Dans un sondage que vous avez réalisé, il apparaît que l'Auvergne est finalement la mauvaise élève parmi les régions françaises en matière de consommation d'alcool et de cannabis.
SN : Effectivement, l'observatoire français des drogues et toxicomanies dresse un tableau annuel où on a des tendances de consommation, et en Auvergne, on a quelques chiffres inquiétants, notamment en terme de consommation d'alcool, en particulier la consommation excessive et régulière. Pour le reste des substances, on est plutôt dans la moyenne nationale mais il y a effectivement une consommation d'alcool plutôt plus importante qu'ailleurs.
JD : Ce qui apparaît comme "alcoolisation ponctuelle importante", ce sont ces fameux "binge drinking" ?
SN : Oui. Ce sont des consommations qui dépassent plus de 5 verres en une seule occasion.
JD : Là, on est sur le terrain de la prévention, est-ce à dire que la répression sur le terrain a atteint ses limites, qu'il faut présenter face à ces jeunes un autre discours et un autre comportement ?
SN : Même si ce sont deux rôles qui sont dévolus à la police, ce sont deux choses différentes. Dans certains contextes, on peut être sur un champ répressif car il y a une consommation qui met en danger l'individu et les personnes qui sont autour de lui : c'est le sens même de la loi qui protège en interdisant. On a aussi un rôle en amont pour essayer de réfléchir ensemble à ce qui fait qu'aujourd'hui, un jeune peut être tenté de consommer. On va essayer de comprendre pourquoi il pourrait prendre une décision de consommation ou pas.
JD : Quelle attitude vous préconisez auprès de vos collègues qui sont sur le terrain face à ces jeunes ?
SN : Ce sont vraiment des temps d'échange, de discussion où ces jeunes peuvent s'exprimer sur les contextes dans lesquels ils peuvent éventuellement rencontrer cette tentation. On va essayer de développer avec eux, de rechercher les arguments plutôt en faveur de leur protection et d'une non-consommation.