Justice et forces de l'ordre s'apprêtent à mener des actions coordonnées en Rhône-Alpes, l'une des régions les plus touchées par l'explosion de vols d'appareils d'imagerie médicale par échographie. Depuis janvier, plus de soixante-dix appareils, contre sept l'an dernier, ont été volés en France.
Deux nouveaux vols ont été commis cette semaine dans la Loire : ces deux échographes, estimés entre 70 à 100.000 euros chacun, ont été dérobés dans la nuit de mercredi à jeudi à la Clinique du Parc, de Saint-Priest-en-Jarez dans la Loire, département particulièrement ciblé, comme l'Isère qui a subi plus de dix vols depuis le début de l'année. Mais aucun département n'est épargné : le service radiologie de la clinique des Cévennes, à Annonay, a été visitée dans la nuit de jeudi à vendredi.
Les enquêteurs soupçonnent des bandes approvisionnant des filières de trafiquants sur le pourtour méditerranéen ou aux confins de l'Europe de l'Est.
Un rapprochement police-gendarmerie
"Nous travaillons au rapprochement des procédures engagées par les services de gendarmerie et de police sur le ressort du TGI de Saint-Etienne, pour éviter un éclatement de l'action publique concernant ces vols aggravés, commis par effraction, le plus souvent la nuit", explique André Merle, procureur adjoint de la République de cette ville. Un groupe d'enquête régional, dédié à ces affaires, devrait être mis en place, a ajouté le magistrat, selon lequel la JIRS (juridiction interrégionale spécialisée) de Lyon a récemment été sollicitée pour "prendre la main".
Le Service central de renseignement criminel de la gendarmerie et son office central de lutte contre la délinquance itinérante (OCLDI) ont été mis en alerte, concernant les vols "d'une facilité affligeante, dans des lieux peu sécurisés et jusqu'alors respectés par les voleurs", selon une source proche du dossier.
"Dans les territoires ruraux et péri-urbains, les effractions et les vols qui s'en suivent, généralement commis en une quinzaine de minutes, peuvent s'y dérouler en plus grande discrétion que dans une ville", note le lieutenant-colonel Jean-François Morel, commandant du Groupement de gendarmerie de la Loire.
Des établissements vulnérables
La capitaine Sandrine Touchet, référent de la sûreté de la Loire, propose d'établir gratuitement un "diagnostic sécurité" assorti de préconisations dans les cabinets de radiologie pour empêcher ou rendre plus difficile ces vols.
De son côté, le Dr Philippe Lapeine, qui dirige avec huit confrères le cabinet de radiologie de la Clinique du Parc, près de Saint-Etienne, "récemment visité, ne comprend pas que ces réseaux, qui opèrent pour certains depuis plusieurs années, n'aient pas encore été démantelés". Il déplore aussi "que les équipements radiologiques coûteux de grands constructeurs tels que Toshiba, Hitachi, Siemens, General Electric ne soient pas pucés".