Les électeurs suisses donnaient leur avis dimanche sur plusieurs initiatives populaires, prévoyant notamment de durcir encore les règles sur l'immigration, cette fois au nom de l'environnement, et de supprimer ou non les forfaits fiscaux pour les riches étrangers.
Les bureaux de vote devaient fermer à 11 heures ce dimanche 30 novembre, et les premières estimations étaient attendues en début d'après-midi. Tous les trois mois, les Suisses votent sur des sujets divers, et dimanche, ils doivent aussi se prononcer pour "sauver l'or de la Suisse" en obligeant la BNS, la Banque nationale, à conserver un minimum de 20% de ses avoirs sous forme d'or, alors que son stock correspond aujourd'hui à 7% de ses avoirs.
Dans les trois cas, les sondages prévoient un échec des initiatives mais la classe politique n'exclut pas une "surprise" sur l'immigration, à la faveur de l'anonymat du vote. Les électeurs sont appelés dans une votation à dire "halte à la surpopulation" par Écologie et population (Ecopop), une organisation qui se décrit comme "non partisane" et qui veut limiter le solde migratoire annuel du pays à 0,2% de la population (environ 16.000 personnes). Elle exige aussi que la Suisse consacre 10% de ses fonds d'aide au développement à des mesures de contrôle des naissances dans les pays du Sud.
"Au rythme où on bétonne le paysage actuellement, à 1,1 mètre carré par seconde, en 2050 si on ne fait rien on aura entièrement bétonné" toutes les régions non montagneuses de la Suisse, affirme Anita Messere, membre du comité Ecopop. Ce texte se heurte à un front du refus venant de tous les milieux. Même la droite populiste de l'UDC, qui avait porté avec un succès plutôt inattendu le vote anti-immigration du 9 février, trouve l'initiative excessive. Tous font valoir que le fonctionnement de l'économie, dont certains secteurs comme la santé comptent un tiers d'employés étrangers, ne serait plus assuré normalement.
Soutien du Front national
Les partis apportent cependant peu de réponses à ceux qui considèrent qu'ils profitent moins aujourd'hui de la prospérité suisse que par le passé, même si le pays connait une croissance positive, n'est pas endetté et affiche un taux de chômage de seulement 3,1%.Samedi, le Front national, parti français d'extrême droite, s'est immiscé dans le débat. "Nous soutenons le peuple suisse dans ses votations contre l'immigration de masse
intra-européenne", a déclaré au journal suisse Le Temps Marine Le Pen, la présidente du FN, à l'occasion de son congrès à Lyon. "La question des frontières, que les votations suisses soulèvent en permanence, sera au centre de mon propos. Le Front national est opposé à l'espace Schengen et à la libre circulation", a-t-elle déclaré au journal.
La Suisse n'est pas membre de l'Union Européenne mais a adhéré à l'espace Schengen et applique encore pour le moment la libre circulation. Mais le gouvernement avait promis que cette ouverture des frontières amènerait quelque 10.000 immigrants de plus, il y en a eu environ 80.000 de plus en 2013.
Avec le "non à l'immigration de masse" de février, le gouvernement a maintenant trois ans pour sauver les accords économiques avec l'UE, que cette dernière menace de rompre en cas d'abandon de la libre circulation. Le scrutin sur les forfaits fiscaux, combattus au nom de "l'équité" par la gauche, concerne 5.729 riches étrangers qui préfèrent payer un total d'un milliard de francs suisses (830 millions d'euros) d'impôts négociés en Suisse plutôt que les taxes dans leur pays. Parmi eux, 49 Français qui figurent parmi les 300 plus grandes fortunes de Suisse!
Les adversaires de l'initiative, notamment une majorité d'élus des cantons, font valoir que le départ de ces étrangers priverait les caisses d'importantes recettes qu'il faudrait compenser en diminuant les dépenses ou en augmentant les impôts de tous, un argument qui porte selon les sondages.