300 000 personnes à Lyon, 60 000 à St-Etienne, 12 000 à Vienne, 3 000 à Crest les marches républicaines organisées dimanche ont suscité une forte mobilisation dans toute la région. Des manifestations sobres, silencieuses, simplement ponctuées de salves d'applaudissements en hommage aux victimes.
Au moins 300.000 personnes ont défilé dimanche dans le centre de Lyon en hommage aux victimes des attentats des derniers jours, soit un quart de la population de l'agglomération. "Il y a eu une marée humaine incroyablement dense, c'est impressionnant, cela représente un quart de la métropole lyonnaise", a souligné la police. Celle-ci a dû recompter à deux reprises, car la foule ne cessait d'affluer après l'heure officielle du début du défilé, emmené par le Club de la Presse et des représentants de la police, elle aussi endeuillée.
Les autorités ont du allonger le circuit en faisant passer le cortège par les quais du Rhône avant de rejoindre la place Bellecour, a rapporté la préfecture. Le cortège devait commencer à défiler à 14h00 mais très tôt dans l'après-midi la foule a commencé à affluer, saturant entièrement le parcours avant son départ.
Des dessinateurs de Lyon avaient pour l'occasion édité un journal identique à Charlie Hebdo, intitulé "Charlie Héros", qu'ils distribuaient par centaines aux manifestants, qui le brandissaient ensuite. "Elle est là l'horreur absolue, nous vivons depuis quelques jours avec et la partageons,comme chacun de nous partage la révolte et la consternation", souligne l'édito de ce journal rempli de caricatures.
Stéphane Rabut, président du Club de la Presse de Lyon, disait que "le club de la presse a voulu une manifestation complètement unitaire, laïque et républicaine". "On veut que tout le monde soit présent pour dire non au terrorisme oui à la démocratie, oui à la liberté d'expression", a-t-il affirmé à l'AFP.
La marche était rythmée par des salves d'applaudissements. De nombreuses familles avec enfants et bébés avaient fait le déplacement. Jean-Claude Verrier, ingénieur à la retraite, père de famille, brandissait quatre crayons: "Ces crayons représentent mes quatre petits enfants, je veux que plus tard ils aient la liberté d'expression".
"Je tenais vraiment à participer à un grand rassemblement qui unit la France. C'est triste ce qui se passe en ce moment, sachant que je suis né en France et j'ai grandi en Algérie" a déclaré Wail Hamou, 23 ans, cuisinier de Montpellier revenu en France pour ses études. Plus loin dans le cortège, Anne et François Guerber brandissaient des pancartes : "je suis musulman" pour l'un et "je suis juif" pour l'autre. "Nous sommes catholiques et nous brandissons ces pancartes pour montrer qu'on respecte l'autre."