Cette année encore, de nombreux films sélectionnés pour le festival font la part belle au sexe ... Un thème qui attire, excite et dérange parfois. Christian Guinot, du comité de sélection pour le programme international, répond sans détours aux questions parfois brûlantes que l'on peut se poser.

Le sexe est-il le meilleur ami (ou plus si affinités) du court ?
Christian Guinot : Le court-métrage a toujours traité de questions de sexualité. Je me souviens d’il y a quelques années, on a passé des films très crus qui ont choqué beaucoup de spectateurs. Ce n’est pas nouveau. Après, je ne sais pas si le fait qu’il y en ait beaucoup en compétition nationale et internationale cette année vient du goût des sélectionneurs ou reflète vraiment la création ? C’est difficile à dire… Sur 6 000 films, je ne sais pas quelle était la proportion de films traitant de sexe. Mais à mon avis, je pense que c’est représentatif des préoccupations des réalisateurs.

Quelles sont les limites à ne pas dépasser pour pouvoir être diffusé à Clermont-Ferrand ?
C.G. : Je crois qu’il n’y a pas vraiment de limites. C’est un peu comme en politique. Il y a des questions que nous ne montrerons pas si elles sont traitées de manière qui nous déplaît. Des films racistes, xénophobes … En sexualité, je crois que la limite, ce serait la pédophilie. De montrer un film qui montre un acte pédophile. A moins que ce soit un film vraiment exceptionnel et que ce soit justifié par ce que le film a à dire. Mais je crois que la limite serait là. Sinon, il n’y a pas vraiment de limites.

En sélection Labo, justement, il y a un film qui traite de pédohilie...
C.G. : Oui, Onder Ons (Parmi nous, L1) de Guido Hendrikx, mais c’est un documentaire, et on ne voit rien. Ce sont 3 pédophiles ou personnes tentées par la pédophilie. Trois hommes, comme souvent, mais qui ne sont pas passés à l’acte. Ils sont fascinés par les enfants et demandent à être traités, à être soignés. Il n’y a aucune image pornographique ou sexuelle, tout est montré avec des images qui n’ont rien à voir avec ce qui est dit d’ailleurs. C’est un témoignage à la fois troublant et intéressant, mais en aucun cas un film qui fait la promotion de la pédophilie.

Hole (Le trou, I6) de Martin Edralin et Prends moi (I14) de Anaïs Barbeau-Lavalette et André Turpin évoquent quant à eux la sexualité des handicapés. C'est assez rare non ?
C.G. : Ça c’est étonnant, ce sont deux films canadiens qui parlent de l’assistance sexuelle aux handicapées, qui est une question taboue en France. Curieusement, sur le peu de films canadiens que nous avons, il y en a deux qui traitent de cette question, de façons complètement différentes. Il y a un film québécois (Ndlr : Prends-moi) qui est très tendre et très touchant. C’est la relation d’un infirmier qui doit, et que ça gêne un peu, participer à cette aide. C’est un film bouleversant. Et de l’autre côté, il y a un film anglophone qui s’appelle Hole et qui lui est aussi bouleversant, mais très trash. Là, on a une vision d’un homme qui a des besoin sexuels. Il y a notamment une scène de fellation à travers un trou, d’où le titre. Mais c’est un film qui montre aussi sa relation avec son infirmier qui devient son assistant sexuel.

Hole - Trailer from Martin Edralin on Vimeo.

Le court-métrage serait La solution pour traiter librement de ces sujets, et les montrer ?
C.G. : Dans Prends-moi, on ne voit rien du tout, alors que dans Hole, on voit des choses. Mais c’est complètement justifié par le sujet et dans ce cas là, on n’a pas vraiment de limites. Le court-métrage est très libre, ici il n’y a pas de censure. Après, il y a des spectateurs qui peuvent être un peu choqués, bouleversés parce qu’ils vont voir, mais enfin, je pense qu’ils sont au courant. Il y a des films qui ont fait s’évanouir des spectateurs par le passé, même si ce n’est pas le but. Les gens savent qu’ils s’exposent à voir des choses un petit peu crues et difficiles, mais que ce n’est jamais gratuit. Il faut parfois mettre la barre un peu haut pour pouvoir dire des choses, on ne peut pas toujours être dans le caché, la nuance. Des fois, il faut y aller un peu fort, surtout dans des formes courtes. Il faut aller très vite au fond du sujet, et dans ce cas là, on a très peu de limites.

Prends-Moi (Take me) - TEASER - 2014 from Travelling distribution on Vimeo.

 

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