Le Canadien Marcel Jean, délégué artistique du Festival d'Annecy, explique les choix de programmation de la 39e édition et évoque la vitalité de l'animation en France.
Question: Comment qualifieriez-vous la sélection 2015?Réponse: "D'éclectique, portée par le désir des animateurs de parler du monde dans lequel ils vivent. Il y a moins d'humour que par le passé et une réelle volonté d'aborder de vrais sujets. Nous vivons aussi à une époque où les outils sont plus accessibles et plus variés: cela se traduit par une sorte d'opulence esthétique, plusieurs films reposant sur des assemblages baroques. C'est aussi une sélection sous le signe de la variété des genres et des techniques, et dans laquelle on sent poindre le politique: les cinéastes d'animation abordent les grandes questions, ils s'interrogent sur le sens de l'Histoire. Nous avons également voulu que cette édition rende hommage à la place des femmes, au moment où plusieurs jeunes réalisatrices à la personnalité forte s'imposent sur la scène mondiale."
Q: Quelles cinématographies sont les plus actives?
R: "Les pays les plus dynamiques sont un peu toujours les mêmes: la France, les États-Unis, la Grande-Bretagne, le Canada, l'Allemagne et le Japon du côté du long métrage. Cela tient à plusieurs facteurs: la solidité de l'industrie, l'efficacité des modes de financement, la qualité de la formation et le rôle joué par l'État ainsi que par la télévision. Le plus intéressant, de nos jours, consiste à garder l'oeil ouvert sur les cinématographies émergentes: le Brésil, la Colombie, le Mexique, la Chine, l'Inde, l'Afrique du sud... et même l'Iran, où l'on remarque de plus en plus de réalisateurs de courts métrages indépendants."
Q: La France présente un cru d'une ampleur inédite: pourquoi?
R: "2015 marque en effet un sommet dans le cycle de production en France. À titre d'exemple, l'an dernier, nous n'avions qu'un seul long métrage français en sélection - "Minuscule", de Thomas Szabo et Hélène Giraud - et celui-ci n'était pas inédit. La situation est à l'opposé cette année. Nous avons eu à choisir parmi un large éventail de films de grande qualité. La France est actuellement un des chefs de file dans le domaine de l'animation, tant du côté du long métrage que du court. Cela tient évidemment à son système de financement, mais aussi à la qualité des écoles, qui forment des animateurs de grande qualité, année après année."