La sortie d'un long coma artificiel, comme celui dans lequel Michael Schumacher a été plongé, se fait progressivement, sur plusieurs jours, et constitue une "zone grise" entre coma et réveil, expliquent les spécialistes. Questions/Réponses.
Sur quels critères les médecins décident d'une sortie de coma artificiel?
Dans le cas d'un traumatisme crânien, le coma artificiel a pour but de mettre le cerveau au repos pour diminuer l'hypertension dans la boîte crânienne causée par un oedème.C'est qu'une fois ce problème jugulé, avec une pression intracrânienne "basse et stable", que les médecins peuvent envisager de lever progressivement la sédation, explique le Pr Gérard Audibert, responsable de l'unité de réanimation neurochirurgicale de l'hôpital universitaire de Nancy.
Pour le Pr Jean Mantz, chef du département d'anesthésie réanimation à l'hôpital parisien Bichat-Beaujon-Louis Mourier, cette décision "se base sur un certain nombre de critères qui attestent de la stabilité du patient sur ses grandes fonctions vitales et notamment sa capacité à respirer à nouveau sans machine", car un coma artificiel s'accompagne forcément d'une assistance respiratoire.
Combien de temps dure la sortie de coma artificiel?
La dose de sédatif est diminuée progressivement. Il faut plusieurs jours au patient pour éliminer tous les sédatifs stockés dans ses tissus. "Il y a une zone grise qui dure quelques jours, c'est variable d'un patient à l'autre", selon le Pr Audibert.Que se passe-t-il après le coma artificiel?
Le patient se retrouve alors dans son "état de base clinique", hors coma artificiel, mais "il peut rester dans le coma, l'éveil n'est pas obligatoire", souligne le Pr Audibert.Pour l'anesthésiste-réanimateur Bernard Vigué du CHU de Bicêtre (région parisienne), "une sortie du coma (artificiel) est toujours +visible+ au bout d'un moment (3 semaines à 1 mois). Le patient ouvre les yeux ou bouge un peu".
A quoi les médecins sont attentifs en sortie de coma artificiel?
"On va tester pour voir si on arrive à communiquer (avec le patient), s'il répond à notre stimulation verbale, avec des ordre de type 'serrez-moi la main!', 'fermez' ou 'ouvrez les yeux!'", indique le Pr Audibert. Des examens faits par imagerie (scanner et IRM) et par électroencéphalogramme sont également importants.Pour le Pr Mantz, "la capacité du patient à bouger les quatre membres et sa capacité à respirer tout seul indépendamment d'une machine sont les éléments principaux à évaluer".
Quel rôle pour les proches?
Les proches jouent souvent un rôle important dans la stimulation du patient en phase de "réveil". "L'important est la qualité de la relation avec l'entourage, souligne le Dr Vigué.La place des proches est tout aussi essentielle dans la longue période de "récupération" qui suit le coma. "La stimulation par l'entourage est très importante", explique le Pr Audibert.