Des agriculteurs d'Isère en colère face aux retards de paiement de la PAC 2015

Stéphane Le Foll, a donné mardi 22 novembre des assurances à des milliers de paysans, qui pâtissent encore des retards de paiement de la politique agricole commune 2015.

Des agriculteurs à bout de nerfs face à des aides qui ne viennent pas: le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, a donné mardi 22 novembre des assurances à des milliers de paysans, qui pâtissent encore des retards de paiement de la politique agricole commune 2015.

"On n'a pas touché la fin de 2015 et rien en 2016. J'ai pas de salaire, mon père non plus", témoigne, en larmes, Aurélie Vuillermet, jeune agricultrice de l'Isère.

Comme elle, plus de 200 agriculteurs de Rhône-Alpes, venus avec une demi-douzaine de tracteurs et des remorques remplies de fumier ou de pneus, se sont rassemblés sans incident mardi matin, sous une pluie battante, près de l'antenne de l'Agence de services et de paiement (ASP) de Lyon. Il en a été de même dans de nombreuses régions, à l'appel de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs (JA).

"On attend d'avoir la PAC pour payer les loyers des terres, les grosses factures de fin d'année", a expliqué Mme Vuillermet. "On n'a pas notre argent et on ne nous dit pas pourquoi. C'est pas de l'argent volé, c'est de l'argent dû !".

Cette éleveuse craint, comme ses compagnons d'infortune, un effet conjugué dévastateur de la crise et des retards de versements d'aide. Parfois jusqu'au dépôt de bilan.

L'écrasante majorité des paysans français a touché ses aides au titre de la PAC 2015 mais, à l'approche de la fin de l'année, quelques milliers d'entre eux ne les ont pas encore touchées en totalité.

En cause ? Des blocages depuis des mois en raison de problèmes administratifs et informatiques, selon la FNSEA, principal syndicat agricole, reçu avec les JA dans la matinée par Stéphane Le Foll.

A l'issue de cette rencontre, les agriculteurs semblaient rassérénés.

"Enfin, nous avons eu un ministre préoccupé de cette situation", a déclaré devant la presse Jérôme Despey, secrétaire général adjoint de la FNSEA.

Principal facteur de décrispation pour les exploitations dont la situation ne se débloque pas, "une attestation va être fournie par l'ensemble des directions départementales des territoires (les DDT, ndlr) aux agriculteurs pour qu'ils puissent connaître leur montant PAC", a expliqué M. Despey.

"Nous ne lâcherons rien"


Cette attestation permettra aux agriculteurs de reporter les paiements dus à leurs banques ou à leurs fournisseurs pour soulager leur trésorerie. L'Etat prendra en charge les éventuels intérêts bancaires.

"Si nous avons des retards, c'est qu'il y a eu des rattrapages à faire sur des aides versées précédemment. Nous avons été obligés de refaire un tas de photos du parcellaire français", a expliqué M. Le Foll dans l'après-midi à l'Assemblée nationale, lors des questions au gouvernement.

Le ministre faisait référence à des erreurs de déclarations pour les aides de l'UE entre 2008 et 2012. Bruxelles avait reproché aux agriculteurs d'avoir touché des sommes indues, alors que certaines parcelles n'étaient pas éligibles aux aides de la PAC. Le litige a obligé la France à revoir ou photographier à nouveau par satellite 25 millions d'hectares de terres agricoles.

Des agriculteurs ont manifesté un peu partout contre les conséquences de ce couac.

A Caen, une quarantaine se sont rassemblés devant l'ASP. A Rennes, une vingtaine ont manifesté devant la DDT, tout comme une trentaine à La Rochelle, avec une dizaine de tracteurs. A Angoulême, une trentaine d'agriculteurs ont bâché l'entrée de la DDT, écrivant sur la bâche d'ensilage: "Trésorerie en rouge et paysans dans le noir". A Clermont-Ferrand, il y a eu entre 200 et 220 paysans venus avec trois tracteurs.

"Nous avons trois ans de retard sur le paiement des aides directes, indirectes et pour les zones en difficulté", a déploré, un peu plus au sud, en sous-préfecture d'Arles, Bertrand Mazel, président du Syndicat des riziculteurs, selon qui "des centaines de dossiers sont bloqués".

"Nous ne lâcherons rien" tant que des dossiers resteront en souffrance, ont pour leur part rappelé M. Despey et son homologue des JA Samuel Vandaele.
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