L'entreprise Rostaing, fabricant de gants de protection dans la Plaine de l'Ain, lance un modèle de jardinage cousu à partir d'un denim déclassé fourni par la marque de jeans drômoise 1083.
Il ne faut pas confondre recyclage et "upcyclage", traduit en français par "sur-cyclage" : une autre manière de produire dans un esprit éco-responsable. C'est la démarche engagée par la société Rostaing, spécialisée depuis 1959 dans la ganterie de sécurité. Sur son site historique de Villieu-Loyes-Mollon, dans l’Ain, elle vient de créer une ligne de gants de jardin en cuir et jean. Une toile denim neuve que des petits défauts rendent impropre à la fabrication de pantalons, mais qui reste parfaitement valorisable dans la ganterie.
Cette opération vertueuse résulte d'un partenariat passé avec la marque de jeans en coton bio 1083, installée à Romans-sur-Isère. Celle-ci fournit à Rostaing des rouleaux de tissu présentant des imperfections et s'apprête même à lui céder les chutes de ses propres fabrications pour une démarche toujours plus anti-gaspi.
Utiliser une matière première qui ne trouvait pas de débouchés dans un esprit développement durable, n'est qu'une facette du projet de la ganterie de l'Ain. Rostaing assure actuellement 80% de sa production globale (6 millions de paires de gants vendues chaque année dans 45 pays) dans ses trois usines marocaines. Au siège de Villieu demeurent un atelier de couture et un centre de recherche et développement comptant une cinquantaine de salariés, contre 350 de l'autre côté de la Méditerranée.
Vers une réindustrialisation ?
L'entreprise familiale entend désormais étoffer ses effectifs sur place grâce à son gant surcyclé, qui se veut également made in France. A l'heure du démarrage, l'atelier en coud 200 paires par semaine, mais pourrait rapidement monter en puissance. Un espace a dores-et-déjà été libéré pour accueillir des machines supplémentaires avec une douzaine de recrutements en perspective.
Un pari pour l'entreprise : le savoir-faire de la ganterie a presque disparu en France et la formation de cette main d'œuvre devra se faire en interne. L'objectif est de parvenir à confectionner 16 000 paires par an, dès la première année.