Une vieille famille de Ferney-Voltaire a offert à la Ville 30 tomes réunissant les textes de Voltaire. Des ouvrages imprimés du vivant du philosphe, 10 ans avant sa mort. Une collection inestimable.
Tout commence par un appel en mairie. Une famille souhaite léguer des livres "sur Voltaire" à la Ville de Ferney. Le maire valide. C'est une pratique courante au pays du philosophe. Mais Daniel Raphoz apprend que les ouvrages offerts sont cette fois contemporains de Voltaire, et qu'ils proviennent des imprimeries Kramer. Un imprimeur suisse très réputé ! Imaginant ces 30 volumes en édition de luxe et en parfait état, l'élu s'inquiète de savoir si les donateurs sont bien conscients de la valeur de leur leg. On le rassure, la famille Martin sait ce qu'elle fait.
Voici donc Ferney-Voltaire à la tête d'une collection inestimable. Un cadeau, mais aussi une charge.
"On doit protéger, garantir, assurer la pérennité de ces ouvrages, les conserver mais ils doivent aussi rester disponibles, et c'est là tout le travail qui va se faire avec nos équipes."
La municipalité, très enthousiaste, travaille à l'aménagement d'un lieu où cette collection du grand homme des Lumières sera visible par tous.
En attendant, les livres sont à l'abri dans un coffre-fort ignifugé. Ils ont quitté la médiathèque où ils sont restés quelques temps.
Voltaire, le bienfaiteur de Ferney
Voltaire débarque à Ferney en 1758. Le philosophe a choisi la cité frontalière pour une bonne raison, il est indésirable à la cour de France et guère plus apprécié à Genève, en raison de ses positions politiques. Il dira plus tard : "Je me trouve entre la France et la Suisse sans dépendre ni de l'une, ni de l'autre".
A son arrivée, le village compte une centaine d'habitants. Il va améliorer et aménager les lieux, les rendre salubres et faire venir du monde pour développer l'artisanat et l'industrie. L'emploi créé va attirer, et le hameau s'agrandir.
Voltaire fait même ériger un théâtre en bois pour partager sa passion avec les habitants. Il y est auteur, acteur, metteur en scène et découvreur de talents.
Après 3 années de travaux, son château, -aujourd'hui classé monument historique-, devient l'épicentre de sa vie durant 20 ans.
On comprend mieux pourquoi les Ferneysiens l'appellent le patriarche, le bienfaiteur. A sa mort, Ferney compte 1200 personnes.
En acceptant le leg de la famille Martin, la Ville entend garder encore et toujours la mémoire du père de Candide. D'ailleurs, peut-être a-t-il touché ces ouvrages, on le savait très proche de son éditeur, et à l'époque on n'imprimait que très peu de collections de ce type. Sait-on jamais ?
Reportage Franck Grassaud et Maryne Zammit