Florence Pisani, adversaire du député sortant Damien Abad sur la 5e circonscription de l'Ain est sortie de sa réserve dimanche soir, après sa défaite. Une petite phrase amère de la part de la candidate LFI, investie par la Nupes, battue au 2nd tour des législatives. Une allusion aux accusations de viols ou tentatives de viol révélées durant l'entre-deux tours.
Elle a refusé de plier à la tradition et de féliciter le vainqueur du scrutin. La réaction de Florence Pisani, au soir du second tour des législatives, après la victoire de Damien Abad dans la 5e circonscription de l'Ain, a été cinglante. " Ça choquera peut-être mais pour ma part je ne respecterai pas la tradition qui consiste à féliciter son adversaire suite à sa victoire électorale. Je laisserai le soin à Madame Borne et à Monsieur Macron de transmettre leurs félicitations à Monsieur Abad pour l'ensemble de son oeuvre !"
La raison de cette attitude ? Les accusations de viols et d'agressions sexuelles qui ont pesé sur Damien Abad durant cette campagne électorale. "Il est hors de question de remettre en cause la vraisemblance et la sincérité des témoignages qui ont été portés", a déclaré Florence Pisani en préambule.
Des élues et des féministes réclament sa tête
Dès lundi 20 juin, au lendemain de la victoire de Damien Abad, des élues et militantes féministes ont également demandé la démission du député, nommé ministre dans le gouvernement d'Elisabeth Borne.
"La question est simple: Damien Abad peut-il, comme ses fonctions le requièrent, incarner l'intérêt général?", demandent les signataires d'une tribune lancée par l'Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique et l'association féministe #NousToutes. "Le peut-il, alors que trois femmes l'accusent de viol ou de tentative de viol et que de nombreuses personnes, y compris des élus de la République, ont témoigné de comportements tout à fait inappropriés?", poursuit cette tribune.
Les signataires réclament "la démission immédiate de Damien Abad et de toute personne mise en cause pour violences sexuelles ayant un mandat politique".
Trois femmes l'accusent
L'affaire Abad a débuté avec les accusations de viols qui remonteraient à 2010 et 2011. Des accusations révélées par deux femmes dans Médiapart. Damien Abad a été mis en cause dés le lendemain de sa nomination au gouvernement, en mai dernier. Mais à la veille du premier tour des élections législatives, ses adversaires dans la 5e circonscription de l'Ain avaient refusé de l'attaquer sur ce terrain. L'élu aindinois avait nié formellement toutes les accusations. Ces deux affaires n'avaient d'ailleurs donné lieu à aucune suite judiciaire.
Mais entre les deux tours, le parlementaire aindinois a également été visé par de nouvelles accusations. Une troisième femme a révélé à Mediapart avoir subi une tentative de viol en 2010. Damien Abad était alors député européen. Il a estimé cette dernière accusation "aussi infondée que les autres".
La réaction de son adversaire Florence Pisani, candidate Nupes dans la 5e circonscription de l'Ain, n'a pas tardé. Le 15 juin dernier, elle en appelait à l'arbitrage du gouvernement : "ce troisième témoignage paraît aussi sérieux que les deux précédents et donc au gouvernement de décider s'il prend en compte ce témoignage en l'état actuel des choses ou s'il préfère ne pas les prendre en compte et confirmer Monsieur Abad dans sa fonction de ministre".
Damien Abad qui continue à nier toutes les accusations a également dénoncé le "calendrier soigneusement choisi" et la "partialité" de l'enquête du journal Médiapart.
Damien Abad réélu
En pleine tourmente après cette troisième accusation d'agression sexuelle, le ministre des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes handicapées jouait son avenir au gouvernement avec ces élections.
Malgré ce contexte difficile, le parlementaire aindinois, ancien chef de file des LR à l'Assemblée nationale a été réélu. Damien Abad, transfuge du parti LR et rallié à la macronie avant sa nomination au gouvernement, briguait un troisième mandat de député dans la 5e circonscription de l'Ain. A l'issue du premier tour, il était en ballotage très favorable, devant Florence Pisani. Finalement, Damien Abad est sorti vainqueur du 2nd tour des législatives le dimanche 19 juin avec 57,86% des voix face à la candidate Nupes.