Blocages des écoles, organisation de "nuits à l'école", manifestations aux portes de l'Inspection académique... dans l'Ain, l'opposition à la Loi Blanquer est active. Enseignants et parents sont main dans la main contre la réforme qui fait craindre le pire en milieu rural. Exemple à Simandre.
Samedi 30 mars, plus de 2000 enseignants ont manifesté à Lyon contre la loi "pour une école de la confiance" et la réforme du lycée, pour témoigner de leur lassitude face à "l'autoritarisme" du ministre Jean-Michel Blanquer. Parmi les manifestants, il y avait pas mal d'habitants de l'Ain qui avaient fait le déplacement. Leur mobilisation a repris dès ce lundi matin avec notamment le blocage de l'école de Simandre-sur-Suran.
Les raisons de la colère ?
Le projet de loi du ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, "sur l'école de la confiance", suscite globalement la défiance. Voté par l'Assemblée nationale, il doit encore passer début mai devant le Sénat. "Notre objectif est de peser sur le vote pour que le texte soit retoqué", expliquent les syndicats. Car ce projet "n'offre aucune réponse aux problèmes actuels de l'école: il ne permet pas la réduction des inégalités et l'inclusion de tous les élèves", expliquent-ils. "Au contraire, il en pose de nouveaux".Les syndicats contestent notamment l'article 1 du projet de loi, qui mentionne le devoir d'"exemplarité" des personnels de la communauté éducative, et est interprété par certains comme un moyen de rappeler à l'ordre ou de sanctionner des enseignants qui critiqueraient l'institution.
Le vote de l'instruction obligatoire à trois ans fait également grincer des dents, en obligeant les municipalités à financer la mesure pour les maternelles privées.
Mais c'est un amendement au projet de loi qui a mis le feu aux poudres: s'il est adopté, il donnera naissance à des "établissements publics des savoirs fondamentaux", dont l'objectif sera de rassembler en une seule entité un collège et une ou plusieurs écoles du même secteur. Ce qui fait redouter à certains la disparition des directeurs d'école, voire la fermeture d'écoles en milieu rural.
Reportage à Simandre-sur-Suran (Ain) de Franck Grassaud et Patrick Perrel
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Nous avons demandé à la directrice de l'école de Simandre-sur-Suran et à une mère d'élèves d'expliquer pourquoi la Loi Blanquer ne passe pas en milieu rural.
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©France 3
Le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, s'est défendu, jeudi, de vouloir "imposer" les regroupements écoles-collèges. Il se dit par ailleurs prêt à ajouter la nécessité de "l'accord de la communauté éducative" dans le texte du projet de loi, "si cela permet de rassurer définitivement".
Autre grief des professeurs du primaire: le "recadrage, avec menaces de sanctions", envoyé par le ministère de l'Education nationale début mars aux recteurs, qui visait les enseignants refusant de faire passer les évaluations de CP et CE1 à leurs élèves.
Ces évaluations, sous leur forme actuelle, sont vertement critiquées par des enseignants, y compris certains favorables à ce type de dispositif, et les syndicats fustigent "l'autoritarisme" du ministre.
Avant même de constater si les profs seraient nombreux samedi, plusieurs syndicats avaient déjà appelé à une nouvelle journée nationale de grève et mobilisation le jeudi 4 avril.