Ain. Les vignerons du Bugey à 10% de leur activité habituelle depuis le coronavirus

Depuis le début du confinement, les viticulteurs trinquent. Avec la fermeture des cafés et des restaurants, ils ont perdu une grosse partie de leurs revenus. La vente directe est aussi à l'arrêt. De petits vignobles en souffrent. C'est le cas du Bugey dans le département de l'Ain. 

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Le vignoble du Bugey, c'est un paysage vallonné voire montagneux par endroits, avec souvent une vue imprenable sur les Alpes. Quelque 500 hectares de vignes sont exploités par une centaine de viticulteurs. L'appelation produit du blanc, du rouge, du pétillant vendus pour moitié dans les caveaux, sur les salons (20%), dans les restaurants (20%) et un peu à l'export (10%). 

Mais le vin, ingrédient de la convivialité "à la française", n'a pas la cote en cette période de confinement. "Même dans les grands surfaces qui commercialisent d'habitude nos produits, on ne vend quasiment rien", constate Eric Angelot, vice-président du syndicat des vins du Bugey. "On sait très bien qu'on n'est pas un produit de première nécessité", ajoute son frère et associé, Philippe Angelot.

Ajoutons à cela, l'absence logique de l'oenotourisme, qui génère l'essentiel des ventes, l'annulation des salons à Limoges ou en Belgique... et la messe est vite dite. "Pour le mois d'avril, on est à 10% de notre activité habituelle, avec quelques commandes de nos fidèles sur internet, c'est tout", détaille Eric qui regarde avec inquiétude ces cartons de bouteilles qui n'ont pas bougé de son entrepôt depuis le mois de mars. "C'est ce qui part en une semaine normalement !". 
 

"Heureusement, les banques nous soutiennent, on ne le dit pas assez. La nôtre a même pris les devants en nous proposant de reporter de 6 mois les échéances de prêt."
 

Et puis, comme les autres entreprises, la Maison Angelot, -qui compte 5 permanents-, a pu bénéficier des mesures de chômage partiel.
 

La vigne va plus vite que la crise

Les viticulteurs parlent du présent mais évitent de parler d'avenir. Au train où vont les choses, l'activité commerciale pourrait ne pas reprendre avant l'automne. Toutefois, Eric Angelot veut relativiser : "l'économie c'est une chose mais la maladie c'est bien pire".   

Une balade dans les vignes le rappelle à l'ordre. On devine déjà les grappes. L'heure du palissage va commencer, ce travail de soutien de la végétation avec des fils de fer, pour favoriser l'exposition des raisins. On n'arrête pas la nature même si le stock de l'année passée n'est pas écoulé.

Problème, les vins du Bugey n'ont pas la réputation d'être des vins de garde. "C'est pas forcément vrai mais les gens ont ça en tête, ce sera donc compliqué de leur vendre de vieux millésimes", regrette Eric. Chaque dimanche matin, avec son épouse, il tente donc la vente sur un marché fermier, près de Bourg-en-Bresse. Mais le coeur n'est pas à la fête et la dégustation n'étant pas autorisée, son stand n'attire pas la foule. "C'est pas un investissement important, juste 1h20 de route, au moins ça occupe et on montre qu'on existe, qu'on est toujours là." 

Reportage Franck Grassaud et Béatrice Tardy
©France 3


 
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