Stéphanie Muttoni a été condamnée à 15 ans de réclusion criminelle pour avoir tué sa fille de 6 ans, en juillet 2013. Quinze années assorties d'une obligation de soins, au-delà de sa peine. Elle devra être suivie durant 8 ans après sa sortie de prison.
Le verdict rendu par les jurés de l'Ain est tombé ce vendredi 12 mai en fin d'après-midi. Stéphanie Muttoni écope d'une peine supérieure à celle requise par l'avocat général, qui avait demandé 12 ans.
La préméditation n'a pas été retenue, chacun tenant compte de la fragilité psychologique de l'accusée qui sombrait dans une grave dépression au moment des faits. Elle est donc condamnée à 15 ans de réclusion criminelle pour l'homicide volontaire de sa fille, en juillet 2013. Une fille qu'elle chérissait, qu'elle aimait par-dessus tout, selon tous les témoins. Elle en avait fait "sa propriété", dira l'avocat du père et de la demi-soeur de la petite Cameron. Sa volonté suicidaire ne pouvait donc se vivre sans elle.
Avant le verdict, Stéphanie Muttoni a présenté son pardon au père de la victime "et à tous ceux qui aimaient Cameron". "Au fond de moi, tout est mort, cassé, abîmé (...) Je n'arrive plus à réfléchir, à penser (...) je n'envisage pas d'avenir."
"Cette femme n'a plus de sang dans les veines", ajoutera son défenseur, Me Dupond-Moretti. Elle a perdu l'essentiel, "son diamant", "elle est morte à l'intérieur".
Reportage Franck Grassaud et Béatrice Tardy
Au fil des audiences, la cour a auditionné des experts qui se sont penchés sur la mort de l'enfant. Les avis ont quelque peu divergé sur les causes du décès.
Le médecin légiste a évoqué une suffocation fatale, ce qui confirmerait la thèse de l'étouffement avec un oreiller. Mais l'anatomopathologiste a plutôt pointé une explication interne. Tout comme deux toxicologues, il s'interroge sur les conséquences de l'administration de somnifères à une fillette. Ces médicaments, glissés dans des yaouts par la mère, auraient pu également entraîner un arrêt respiratoire. Ces experts reconnaissent que la dose n'était pas létale, mais on ne connaît pas véritablement les effets sur un enfant de 17kg.
Selon l'un des psychiatres, Stéphanie Muttoni souffrait de troubles qui pouvaient altérer ses capacités de discernement. Ce que n'a pas manqué de souligner Me Dupond-Moretti à plusieurs reprises. Cette femme, qui avait 47 ans à l'époque des faits, était fusionnelle avec sa fille. Elle était dépressive et alcoolique.