Dix-sept ans de réclusion criminelle ont été requis mercredi à Bourg-en-Bresse (Ain) contre une ancienne escort-girl de 26 ans. Elle avait tué à coups de couteau un de ses clients, à Saint-Genis-Pouilly (Ain) en 2017. Meurtre ou légitime défense. les jurés de la cour d'assises doivent choisir.
Dix-sept ans de réclusion criminelle ont été requis mercredi à Bourg-en-Bresse (Ain) contre Annaëlle P., une ancienne escort-girl de 26 ans. Elle est jugée pour avoir tué à coups de couteau un de ses clients, à Saint-Genis-Pouilly (Ain) en août 2017. La défense a de son côté plaidé l’acquittement.
Le verdict est attendu en fin de soirée.
Durant trois jours, la Cour d'assises de l'Ain s'est attachée à examiner l'insaisissable personnalité d'Anaëlle P., jugée pour "meurtre et escroquerie". Si l'accusée a reconnu avoir poignardé dans la nuit du 16 au 17 août 2017 Jean-Luc D., un informaticien de 52 ans avec qui elle entretenait une relation, elle invoquait néanmoins la légitime défense après avoir été présumément violée par la victime lors d'une séance sadomasochiste.
Elle avait ensuite transporté le corps dans la coffre de sa voiture, jusqu'en Italie, où il avait été retrouvé en partie calciné sur la commune de Fenis, dans la vallée d'Aoste, à proximité de l'autoroute A5.
"Nous n'avons aucune preuve d'une agression sauvage, on ne peut pas retenir la légitime défense"
Le magistrat a souligné dans son réquisitoire qu'aucun ADN masculin n'avait été trouvé sur le godemiché qu'aurait utilisé la victime contre l'accusée lors du rapport sexuel. Il s'est aussi interrogé sur le fait que la jeune femme ait pu avoir des relations intimes avec un petit ami, trois jours après l'agression présumée. M. Sandjivy a en outre considéré que les coups mortels portés par l'accusée aient pu découler d'une "pulsion meurtrière" lors du jeu sexuel, en réaction à la personnalité de la victime décrite par des tiers comme acerbe mais non violente.
Une "rage interne qui a explosé", a expliqué plus tôt à la barre Patrick Dessez, expert psychologue, notant le "clivage" de la personnalité d'Anaëlle P..
Selon ce dernier, la jeune femme, également serveuse, a passé sa vie à dissimuler son "activité secrète" d'escort-girl dans la région genevoise, "organisée comme une addiction", d'où sa facilité à multiplier les mensonges après le drame. Elle a ainsi échangé de faux SMS, effectué des retraits avec la carte bancaire de la victime déguisée pour faire croire que l'informaticien était toujours vivant ou encore accepté un mariage blanc, un mois après le drame.
"Salir la mémoire d'un mort, à un moment, stop !", a déclaré pour sa part l'avocat de la soeur du défunt, Me Xavier Moroz, qui a vigoureusement contesté la version de l'accusée. "Soit elle ment délibérément, soit elle est enfermée dans une logique dont elle ne peut pas sortir", a-t-il ajouté, relevant "la capacité d'adaptation hors du commun" de la jeune femme.
L’avocat de l’accusé, M° Jean-Félix Luciani, a mis en avant la personnalité de la victime, qui fréquentait nombre de sites de prostitution sous le nom de « Lucifer » et défendu la thèse du viol et de la violence sadomasochiste pour plaider l’acquittement de la jeune femme.
"Si je n'avais senti à un moment que j'allais mourir, il ne se serait pas passé tout ça", avait déclaré mardi l'ancienne escort-girl. "S'il ne m'avait pas fait tout ça, aujourd'hui je ne serais pas là devant vous", avait-elle ajouté d'une voix éplorée.