Les réseaux sociaux polluent de plus en plus souvent les enquêtes de gendarmerie. Internet a tendance à s'emballer dès qu'un képi passe du temps dans un secteur. Les internautes imaginent le pire, se racontent une histoire, la partage... et la psychose s'installe, même dans un village.
Il y a bien eu un témoignage, des faits... mais sont-ils ceux décrits sur les réseaux sociaux? Pas vraiment. Ce qu'il s'est passé à Ceyzérieu, près de Belley, est assez représentatif du travail des gendarmes aujourd'hui, ils doivent faire avec une concurrence de taille, les gazouillis d'internet.
Le 28 février, devant la boulangerie de Ceyzérieu, un enfant de 10 ans dit avoir été abordé par un homme en voiture. On ne sait pas ce que l'automobiliste a voulu lui dire, car le garçon n'a pas cherché à comprendre et s'est enfui. Il a raconté sa mésaventure à ses parents qui ont fait un signalement à la gendarmerie. Les militaires se sont déplacés et ont interrogé plusieurs personnes. C'est à partir de cette présence de képis sur le territoire de la commune que l'info, déformée, a pris de l'ampleur sur Facebook. Les messages postés évoquaient une tentative d'enlèvement et décrivait une voiture.
C'est contreproductif
"C'est contreproductif comme comportement", explique le Chef d'escadron Meneau, de la Compagnie de Belley. "Pour nous, ce n'est pas une tentative d'enlèvement, mais une tentative de contact, on ne sait pas ce qu'il s'est réellement passé. De surcroît, décrire ainsi une voiture sur un réseau social, c'est à coup sûr la voir disparaître du paysage. S'il y avait réellement volonté de nuire, pensez-vous que la personne garderait ce véhicule pour d'autres méfaits, sachant qu'elle est repérée. Pour nous, c'est un élément d'enquête important, qu'il ne faut pas divulguer. J'invite bien sûr nos concitoyens à la vigilance, nous sommes toujours là pour vérifier leurs doutes, mais il convient de ne pas aller trop vite en besogne sur les réseaux sociaux, cela peut déclencher la psychose."
Pour l'heure, l'enquête de Ceyzérieu n'est pas encore bouclée, mais il y a fort à parier que l'automobiliste soupçonné, ne voulait pas faire de mal.
Reportage Franck Grassaud et Claire Cherry-Pellat