Il n'y a pas de "jurisprudence coronavirus" en matière d'accouchement. Certains papas sont acceptés, d'autres pas. Dans certains établissements on accorde ensuite des visites paternelles, ailleurs non. Cette incertitude stresse sérieusement les futurs parents.
"Ma compagne doit accoucher d'ici à la mi-avril à l'hôpital privé d'Ambérieu-en-Bugey. Je pourrai assister à l'accouchement mais je ne pourrai pas voir ensuite ma fille", déplore Mathieu, un habitant de Pont-d'Ain. Le futur papa ne comprend pas la posture des établissements hospitaliers sur la question. Les règles diffèrent d'un lieu à l'autre. Dans l'Ain, l'hôpital privé d'Ambérieu est d'ailleurs l'un des derniers qui accepte encore les pères à l'accouchement.
"On n'est vraiment pas égaux face à ce problème. Je me suis renseigné, si on fait 40 kilomètres, et que ma femme accouche dans une clinique lyonnaise, je pourrai être présent pour l'accouchement et rendre ensuite visite à ma fille. Même chose dans un établissement parisien, allez comprendre ?!"
Du coup, cette préoccupation est au centre de toutes les discussions pour le couple. "Ma femme est en plein stress à l'idée de devoir gérer seule un bébé. Certes, il y aura les soignants mais dans le contexte actuel ça risque d'être un peu dur pour eux.
J'ai passé une semaine et demi de confinement avec mon épouse, si j'avais dû la contaminer ce serait déjà fait. Et puis, avouons que si on m'accepte pour l'accouchement, -qui pourrait durer 17 heures comme pour notre premier enfant-, je ne comprends pas pourquoi je ne pourrai rester ensuite pour mon enfant !
Le stock de masques, de blouses en cause
Le Pr Jacky Nizard, président de l'association des gynécologue-obstétriciens européens, justifie la décision des hôpitaux et cliniques en ce moment: "On a deux enjeux de santé publique: stopper la circulation du virus et que les soignants ne tombent pas malades... Les consignes évoluent. Pour le moment la plupart des maternités acceptent un accompagnant en salle de travail, mais il n'y a pas de règle générale". Certaines les ont déjà bannis.
Tout dépend du stock de masques, de blouses pour le personnel, la patiente, le conjoint. En maternité aussi, "il faut gérer la pénurie".