Grognon, hésitant, révolté, bon petit soldat disant oui à tout. Nous nous sommes procurés une partie du document "fichant" une trentaine d'agents de la CPAM de l'Ain. Ahurissant. Une cellule psychologique a été mise en place, et un rassemblement est prévu ce 20 septembre à Bourg-en-Bresse.
Nous savions que nous étions certainement fichés, comme dans toutes les grandes entreprises, nous explique Lydie Moreau. Mais la secrétaire de la CGT à la Caisse Primaire de l'Assurance Maladie de l'Ain, ainsi que la trentaine de membres du service des risques professionnels ne s'en retrouvent pas moins en état de détresse psychologique depuis la découverte d'un document diffamant à leur encontre.Lundi 17 septembre : le document est trouvé totalement par hasard sur un serveur de travail. Y figurent tous les prénoms des agents de ce service traitant notamment des accidents du travail, avec en face, une case remplie par des qualificatifs peu flatteurs : "passif, grognon, hésitant, révolté, manque de sens critique", liste Lydie Moreau. "Et en face de chacune de ces définitions, s'ajoutait une mention indiquant comment traiter les agents en conséquence.
Nous nous sommes procurés une partie de ce document. Ahurissant. Voici ce que l'on peut y lire au sujet de la stratégie "d'accompagnement managérial" au sein de la direction des ressources de la CPAM de l'Ain : les plus nombreux de l'effectif sont "des passifs qu'il est important de convaincre qu'on agit dans la légitimité". Viennent ensuite "les hésitants qui sont influençables et qui balancent". Autre catégorie : "les engagés, les bons soldats qui ont besoin de stimuli mais qui peuvent manquer de sens critique et dire oui à tout".
La trouvaille a créé un véritable choc : "tout le monde pleure". Depuis, les agents sont désabusés, n'ont plus confiance. Et "la détresse des cadres est la même que la notre" ajoute la représentante de la CGT.
"Dès lundi, la direction a présenté ses excuses, affirmant qu'elle ne cautionnait pas ces méthodes et qu'elle n'auraient plus cours". Lydie Moreau enchaîne sur l'importance du message que les agents de la CPAM de l'Ain entendent désormais faire remonter à la Caisse nationale : "nous ne voulons plus de ce type de management, de ces méthodes qui s'institutionnalisent, et que les cadres formés appliquent sans se rendre compte de l'impact que ce genre de fichier et de mentions pouvait avoir".
"Une démarche inacceptable"
Dans un communiqué publié mercredi soir, la direction de la Caisse dit avoir appris l'existence de cette liste "en même temps que l'ensemble des agents".Elle y voit "une démarche inacceptable qui n'aurait jamais dû se produire".
Elle a décidé la mise en place d'une commission d'enquête interne pour déterminer les origines de ces dysfonctionnements. Un dispositif d'accompagnement, sous la forme d'une cellule d'écoute, sera aussi proposé au personnel.