Des questions après le suicide d’un patron à Arbent (Ain)

Quatre jours après l’incendie de son usine CSP Diffusion à Arbent, le chef d’entreprise François Guinard, 42 ans, a mis fin à ses jours, mercredi 1er janvier. Un geste qui interroge d’autres entrepreneurs de la Plastics Vallée.

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Le drame s’est produit mercredi 1er janvier, quatre jours après l’incendie criminel qui a détruit son usine de confection de barrettes en plastique à Arbent. Ce jour-là, François Guinard se rend une nouvelle fois sur les lieux du sinistre. S’est-il senti submergé par l’ampleur des travaux ? A-t-il craint de perdre ses clients ? de ne pas pouvoir payer ses salariés ou rembourser ses dettes ?

Quoi qu’il en soit, c’en est trop pour le patron de CSP Diffusion. Face aux dégâts, il commet l’irréparable. Il est retrouvé pendu sur son lieu de travail. Une enquête sur sa mort a été ouverte par la police oyonnaxienne. Son autopsie devait être pratiquée aujourd’hui. François Guinard avait 42 ans. Il laisse une petite fille âgée de 9 ans derrière lui.

Deux jours après son acte, sa voisine de la zone industrielle de La Laye, Sonia Bichat, se dit très touchée. "Voir son usine incendiée, c’est une image traumatisante. C’est un gros choc à encaisser, compatit-elle. Le chef d’entreprise, parfois, se sent bien seul. Même s’il est entouré, dans sa tête peuvent arriver un tas de problèmes qui s’enchaînent et qui paraissent insurmontables."
 

Petits patrons vs. Grands dirigeants

La souffrance des responsables de TPE et PME est mal connue. Pour l’heure, il n’existe pas de statistiques officielles sur le nombre de suicides dans cette profession.

En France, seul l’Observatoire Amarok travaille sur la santé des travailleurs non-salariés. Selon lui, 3,89% des dirigeants de petites et moyennes entreprises ont déjà tenté de se suicider. Ils sont autant à imaginer passer à l'acte un jour ou l'autre!  Olivier Torres, enseignant-chercheur à l’Université de Montpelllier, avance également le chiffre suivant : "17,5% d’entre eux risquent un burn-out important".

Une pression, loin d'être évidente à gérer. "Etre chef d’une petite et moyenne entreprise aujourd’hui, ce n’est pas facile tous les jours, confie la lunetière Sonia Bichat, à la tête de Sonia B. Design. Etre patron, ce n’est pas ce que pensent certains. Nous ne sommes pas patrons de multinationales, nous ne vivons pas de nos dividendes. Tous les jours, on ouvre la boîte, on travaille avec nos collaborateurs… Nous avons aussi des pressions de la part des banques, parfois des clients… Il faut aller les démarcher, les fidéliser, parfois se battre pour être payé une fois la commande envoyée. Ce n’est pas toujours facile d’obtenir les règlements, on peut tomber sur des gens malhonnêtes…".

La solitude du décisionnaire dans une petite usine, Joël Viry, administrateur d’Allizé-Plasturgie, la connaît bien. "Beaucoup de gens considèrent que les patrons sont des voyous, des gens qui profitent du système. Or, c’est tout le contraire : on a mis notre argent dans le système pour faire vivre une entreprise et la développer. Le nombre d’échecs est plus important que le nombre de réussites. Donc, je pense que lorsqu’à un moment donné, on se retrouve devant un gouffre, qu’on n’a plus les moyens de redresser son entreprise puisqu'on a mis tout son argent dans la boîte, on doit effectivement penser à la seule solution. C’est de partir."
 
©France 3

 
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