Agé de 90 ans, Siong Tou a combattu pour la France lors de la guerre d'Indochine. Mais, faute de documents officiels, ce soldat supplétif de l'armée française n'avait jamais pu faire reconnaître ses faits d'armes jusqu'à ce jour. Grâce au travail de recherche mené par son petit fils, il a été décoré dimanche matin de la médaille de la reconnaissance de la Nation.
"Aujourd'hui la France a enfin reconnu mon grand-père Siong Tou le dernier soldat Hmong pour sa participation à la guerre d'Indochine au Nord Laos. Je suis très heureux pour lui et j'aimerais dédier ma victoire pour les grands-parents qui avaient été soldats comme mon grand-père et qui n'ont jamais été reconnu par la France", explique le jeune homme, touché par ce geste symbolique fort.
Faire reconnaître la participation de son grand-père à la guerre d'Indochine et obtenir pour lui une reconnaissance a été un long travail de patience et surtout un véritable parcours du combattant. Pour le petit-fils tenace, ce dimanche matin avait un parfum de victoire.
Ce combat, je le dédie à tous ses compagnons d'armes, à tous les Indochinois réfugiés politiques en France, anciens supplétifs et qui n'ont jamais été reconnus officiellement par la France.
Nou Changpetit-fils de Siong Tou
Soldat trop longtemps oublié
A Bourg en Bresse, près de 70 ans après ses faits d'armes, Siong Tou, ancien combattant au Laos, a été honoré pour sa participation à la guerre d'Indochine aux côtés de l'armée française. La cérémonie s'est déroulée dimanche 25 septembre au mémorial AFN de Bourg-en-Bresse, dans le cadre de la Journée nationale d’hommage aux Harkis et autres membres des formations supplétives. Au cours de cette cérémonie, la Préfète de l'Ain, Cécile Bigot-Dekeyzer, a remis au nonagénaire la médaille de reconnaissance de la Nation pour sa participation à la guerre d’Indochine.
Le nonagénaire, membre de la minorité Hmong, a participé à cette cérémonie, en compagnie de ses proches.
Le nonagénaire, membre de la minorité Hmong, a encore le pas alerte. Il vit depuis le milieu des années 70 à Bourg-en-Bresse. Mais le vieil homme, qui a fui le Laos avec sa famille en 1975 et obtenu le statut de réfugié politique, n'avait conservé aucun document prouvant ses liens avec l'armée française. Trop dangereux. C'est son petit-fils qui a patiemment recueilli ses souvenirs en langue Hmong. C'est grâce à sa persévérance qu'il est parvenu à retrouver la preuve de son passé militaire.
Cette reconnaissance a été rendue possible après plusieurs années de recherches conduites par son petit-fils. C'est ce dernier qui a retrouvé les preuves de sa participation, notamment grâce aux archives familiales de descendants d'officiers.
Invité par Nou Chang, le petit-fils du capitaine Taitot était présent lors de la cérémonie officielle qui s'est déroulée dimanche à Bourg-en-Bresse. Les deux descendants ont pu se rencontrer à cette occasion.
Reportage : la rencontre avec l'ancien supplétif et son petit-fils à la veille de sa remise de médaille.
A l'issue de la cérémonie, le nonagénaire a expliqué en langue hmong qu'il était très heureux de cette reconnaissance de la France. "Il a aussi dit qu'il donnait sa bénédiction à la France, qui est aujourd'hui son pays, pour qu'elle ne connaisse pas de guerres à l'avenir", a traduit son petit-fils. "C'est pour ça qu'il a fait barrage autrefois, pour que la France vive en paix aujourd'hui", ajoute-t-il en guise de conclusion, reprenant les mots de son aïeul.