C'est une profession peu connue : nettoyeur de tombes. À 30 ans, une Aindinoise a décidé d'en faire son métier. Spécialisée dans le nettoyage et l'entretien des pierres tombales, elle a baptisé sa jeune entreprise "Chrysanthème". Une profession funèbre, mais pas funeste.
Elle exerce un métier rare, dans un lieu peu banal. Clémence Viel-Cazal est nettoyeuse de pierres tombales. Son lieu de travail, les petits cimetières du secteur d'Ambérieu-en-Bugey.
Entretenir la mémoire
"Ce ne sont pas les mêmes techniques pour le granit et la pierre naturelle. Le granit est beaucoup plus lisse. De l'eau et du savon suffisent", explique la trentenaire. Lustrer la pierre tombale, nettoyer le matériel funéraire taché par les intempéries, dépoussiérer les stèles, faire ressurgir les inscriptions du passé, entretenir les sépultures pour honorer les mémoires. Il n'existe aucun diplôme pour devenir nettoyeur de tombes. Mais patiemment, Clémence a appris les astuces du métier. Si son matériel de nettoyage tient dans une mallette à outils, son activité est bien plus physique qu'il n'y paraît. "En été, quand il fait très chaud, la pierre peut atteindre les 50°C et en hiver, c'est difficile aussi avec le gel", explique-t-elle.
C'est beaucoup de patience, beaucoup de respect. Dans mon travail, je pense aux familles qui ont perdu des proches. Je pense aux personnes qui sont inhumées sur le lieu où je travaille.
Clémence Viel-CazalNettoyeuse de pierres tombales
Souvent, sa mission consiste aussi à rafraîchir les inscriptions sur les pierres tombales, effacées par le temps. Alors, elle troque la brosse et l'éponge contre le pinceau pour reprendre chaque lettre et chaque date. Son travail minutieux est un baume au cœur pour les familles des défunts. Ses clients sont majoritairement des particuliers. Des proches éloignés ou affaiblis qui préservent ainsi l'ultime demeure d'un père, d'une épouse ou d'un enfant.
Tout plaquer
"Parfois, quand on voit les dates, c'est difficile. Surtout quand c'est un enfant", confie Clémence. "Et puis, il y a les photos, les petites attentions posées sur les tombes. Ça peut être compliqué émotionnellement, mais c'est devenu une fierté de voir l'émotion dans les yeux de mes clients. C'est tout ce que je demande", ajoute la jeune femme. Et son activité de manque jamais d'attirer les commentaires bienveillants des visiteurs du cimetière.
Avec d'exercer cette profession peu commune, la jeune femme était cariste dans une entreprise de la Plaine de l'Ain. Il y a un peu plus d'un an, elle a opté pour une reconversion. Elle a fondé son entreprise dans la quiétude d'un cimetière. "C'est avant tout un lieu de repos. Je suis quelqu'un qui aime être dans sa bulle. Pour moi, c'est l'endroit parfait pour travailler", assure Clémence.
Pour cette jeune entreprise, la Toussaint est la période la plus importante de l'année. Les particuliers tiennent à ce que les tombes de leurs proches soient nettoyées pour la fête des morts. À cette occasion, la trentenaire triple son chiffre d'affaires.