Faustine, handicapée, s'est retrouvée bloquée en gare, faute d’ascenseur. Pour cette étudiante de Bourg-en-Bresse en fauteuil roulant, les ascenseurs en panne dans les gares rendent ses déplacements très difficiles. Elle dénonce des problèmes d'accessibilité aux transports publics pour les personnes handicapées.
L’incident s'est déroulé jeudi 1er septembre, et c'est une amie de Faustine qui a filmé la scène en gare de Sathonay, près de Lyon. On y voit l'étudiante de 19 ans, gravir péniblement les marches qui conduisent au quai de la gare. La vidéo montre une pénible ascension sur les fesses, à la force des poignets. Car Faustine est privée de l'usage de ses jambes, elle souffre du syndrome invalidant d’Ehlers-Danlos et se déplace en fauteuil roulant depuis un an. Bilan de sa mésaventure : un gros sentiment d'humiliation, une foulure du poignet et un coup de gueule.
C'est la mère de Faustine qui a publié la vidéo sur son compte Twitter.
L’ascenseur pour monter sur mon quai était en panne. Il n'y avait pas de personnel en gare, pas de sonnette d’alarme, rien du tout
Faustine
J'ai monté les escaliers sur les fesses en m’aidant de mes mains. J'ai eu une luxation au niveau du pouce et je me suis blessée au niveau de l'épaule. J'ai toujours des douleurs aujourd’hui
Faustine
L'incident de trop pour Faustine
"Je devais prendre un train de la gare de Sathonay pour rentrer chez moi sur Bourg-en-Bresse. L’ascenseur pour monter sur mon quai était en panne. Il n'y avait pas de personnel en gare, pas de sonnette d’alarme, rien du tout (…). J'ai monté les escaliers sur les fesses en m’aidant de mes mains. J'ai eu une luxation au niveau du pouce et je me suis blessée au niveau de l'épaule aussi, j'ai toujours des douleurs aujourd’hui", explique Faustine avec amertume. Impossible pour la jeune femme de se faire porter en raison de risques de blessure. Ce jour-là, elle circulait avec son fauteuil manuel, plus léger.
L'étudiante parvient finalement à prendre son train. Mais arrivée en gare de Bourg-en-Bresse, le calvaire recommence pour Faustine : l'ascenseur situé côté rue du Peloux, était également hors service, vandalisé le 15 août dernier. L'équipement, géré par la mairie, est d'ailleurs régulièrement en panne, souligne la jeune femme. Pour aller en cours, Faustine doit donc régulièrement faire un détour de 15 min pour éviter de traverser la gare et se retrouver bloquée.
Un parcours semé d'embûches
Ça me met en colère parce que c'est comme ça tout le temps
Faustine
C'est souvent un parcours du combattant pour la jeune femme car les obstacles sur son chemin sont légion. Nids de poules, trottoirs exigus, trop hauts ou encombrés… les dangers sont partout. En fauteuil depuis un an seulement, la jeune fille ne s’attendait pas à une telle galère. L'incident du 1er septembre dernier, c'est la galère de trop dans son quotidien déjà semé d’embûches. Elle passe une grande partie de son temps à anticiper chaque sortie.
"Ça me met en colère parce que c'est comme ça tout le temps. A chaque fois que je sors, il faut que je vérifie que les trottoirs que je vais empruntés ne soient pas en travaux. Il faut que j'appelle les lignes de bus pour savoir si l'arrêt est aux normes. Il faut que je prépare tout. Je ne peux pas sortir à la dernière minute parce que j'ai envie", déplore l'étudiante.
Pour Faustine, la diffusion de la vidéo de la mésaventure, c'est l'occasion de tirer la sonnette d'alarme et de sensibiliser le grand public :
Je voulais que ça fasse choc, j'ai l'impression que c'est la chose qui marche pour faire parler des problèmes d'accessibilité, pour avoir de la visibilité.
Faustine Bouziguesétudiante
La maintenance pointée du doigt
Pour les associations, la plupart des problèmes d’accessibilité sont liées au manque d’entretien mais aussi à un manque de réactivité des services de maintenance souvent externes. "Les infrastructures évoluent pour être accessibles. Mais bien souvent on s'aperçoit que c’est la maintenance de l'existant qui pèche. Les plateformes pour les bus qui sont en panne ou le conducteur qui ne sait pas les utiliser", explique Thierry Abert, représentant de l'association APF France Handicap 01.
Il m'est arrivé que des passagers doivent porter ce fauteuil (électrique) qui fait plus de 200 kg avec moi dessus parce qu'il n'y avait pas d'autre moyen de transport
Faustine
Une situation devenue presque une routine pour Faustine : "il m'est arrivé plusieurs fois que la rampe du bus soit en panne, alors qu'on m'assure que tout est bien vérifié le matin même. Il m'est arrivé que des passagers doivent porter ce fauteuil (électrique) qui fait plus de 200 kg avec moi dessus parce qu'il n'y avait pas d'autre moyen de transport".
La jeune femme souhaite que les pouvoirs publics et la SNCF soient plus attentifs : "ici, à Bourg-en-Bresse, c'est moi qui ait du appeler la mairie pour leur signaler que l'ascenseur était en panne depuis plus d'un mois". Là encore, des actes de vandalisme étaient en cause dans cette panne d'ascenseur.
Après la publication de sa vidéo sur les réseaux sociaux, Faustine vient enfin de recevoir les excuses de la SNCF. Mais en gare de Sathonay, l’ascenseur vandalisé le 15 août dernier était toujours à l’arrêt mercredi 7 septembre.