Violences faites aux femmes : "Sac Nouveau Départ", un dispositif de l'association d'aide aux victimes Avema pour prendre la fuite

Quitter son domicile en urgence, tout en emportant des produits de première nécessité. L'idée vient de l'AVEMA, en partenariat avec le département de l'Ain. Elle s'adresse aux femmes victimes de violences conjugales. Le "Sac Nouveau Départ" a été présenté ce vendredi. Discret mais plein de ressources.

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C'est un dispositif qui a été baptisé tout simplement "sac nouveau départ". Il a été conçu pour pourvoir répondre aux besoins immédiats des femmes qui doivent quitter le domicile familial en urgence. L'initiative de l'AVEMA est largement soutenue par le Département de l'Ain. Accompagnement juridique, psychologique ou social, l'association est à l'écoute des victimes sur l'ensemble du département aindinois. Ce nouvel outil est présenté, ce vendredi 25 novembre, à l'occasion de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes.

Comme un sac de survie

C'est un sac gris clair, de taille moyenne, discret mais plein de ressources. Le "Sac nouveau départ" contient une trousse avec des produits de première nécessité : des produits d'hygiène de base, comme du savon, dentifrice, du shampooing et des serviettes hygiéniques. Quelques produits alimentaires "réconfortants". Le sac contient aussi une petite couverture.

"Ce sac se veut généraliste, c'est une main tendue," indique Hélène Bertrand-Maréchal, vice-présidente du département de l'Ain, déléguée à l'enfance et à la famille. Elle insiste aussi sur le fait que ce produit a aussi fédéré les bonnes volontés du département. "L'idée, c'était aussi le besoin de réconfort pour ces femmes mais aussi de mobiliser les Aindinois pour constituer ce sac", résume-t-elle.

Autre point capital, il contient des documents avec des informations pratiques. C'est le cas d'un guide sur l’appli "Mémo de vie" (un coffre-fort numérique pour sécuriser ses documents et sauvegarder ses récits de vie), des contacts utiles d’aides aux victimes. Les porteurs du projet ont aussi l'idée de doter ce sac d'un téléphone permettant d'avoir accès à un bouton "MonSherif". Connecté et géolocalisé, ce discret dispositif permet aux femmes en danger de donner l’alerte et de les sécuriser. Il répond aux situations d'urgence et vient en complément du téléphone grave danger (TGD) fourni par la Justice. 

Prendre la fuite

L'idée de ce sac est née d'un constat : de nombreuses femmes, victimes de violences conjugales ou intrafamiliales, se retrouvent dans l'obligation d'abandonner dans l'urgence leur domicile, certaines avec peu de moyens financiers, parfois coupée de liens sociaux. Des victimes qui partent sans pouvoir emporter avec elles des produits de première nécessité.

"Quand les femmes sont à bout, qu'elles ont compris que le conjoint à atteint un niveau de violence excessif - souvent quand il s'en prend aux enfants, c'est le déclic -  elles réalisent qu'il faut partir rapidement. C'est le moment où l'on part en courant. Pas le temps de chercher le téléphone ou le chargeur" explique Sophie Dupuis-Fontaine, directrice générale adjointe de l’AVEMA.

On est sur des situations spécifiques : une femme qui quitte son logement précipitamment et qui n'a pas de lieu ressource.

Sophie Dupuis-Fontaine

AVEMA

Une vingtaine de sacs sont déjà disponibles, prêts à être distribués. Ces sac seront remis par les intervenants sociaux en commissariat et gendarmerie, directement en contact avec la victime de violences conjugales, avant ou au moment de sa mise à l’abri.

"Le contenu est amené à évoluer en fonction des besoins, de même que les lieux dans lesquels ces sacs seront mis à disposition," ajoute cette responsable de l'AVEMA. 

Des faits de violence de plus en plus lourds

Pour l'association aindinoise et le département, il ne s'agit pas d'une distribution de sac. L'initiative vise surtout à maintenir un lien avec une femme en difficulté. "L'intérêt c'est le lien qu'on va créer avec une femme victime de violences, l'aider à sortir de l'emprise d'un conjoint, tout en respectant sa temporalité", assure Sophie Dupuis-Fontaine. Selon elle, certaines femmes font en moyenne jusqu'à 7 allers-retours à la maison avant de se résoudre à quitter leur conjoint violent. "Mais la mission de l'association est d'accompagner, pas de les obliger à faire quelque chose contre leur volonté." 

En 2021, l'AVEMA a accompagné plus de 1 000 victimes de violences conjugales. Cette année, l'association parle de plus de 1300 victimes accompagnées à ce jour. Peut-on parler d'une hausse des violences conjugales en prenant pour base ce chiffre ? La vice-présidente de l'AVEMA ne veut pas faire de lien mais des constats inquiétants : "Les violences sont de plus en plus lourdes. On n'est plus sur une claque mais sur un coup de poing. On n'est plus sur un coup mais sur un coup de couteau... et les répercussions sur les enfants sont importantes". 

Pour 2023, l'AVEMA a déjà d'autres projets pour accompagner et aider les femmes victimes de violences conjugales et intrafamiliales : notamment la possibilité d'être hébergées, non en hôtel ou en foyer mais au sein de famille. 

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