En ce 25 novembre, journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, le décompte macabre des féminicides depuis le début de l’année s’élève à 121. Deux femmes sur trois étaient pourtant, déjà, sortie du silence.
«65% des femmes assassinées avaient pris contact avec la justice, mais les pouvoirs publics leur ont tourné le dos, en refusant de prendre leurs plaintes en classant les enquêtes», détaille le collectif Nous Toutes, soit deux femmes sur trois.
Depuis le 1er janvier 2022, le nombre de femmes décédées sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint s’élèvent à 121 selon les chiffres de Nous Toutes. La barre des 113 décès recensés l’an dernier est déjà passée alors que 2022 n’est pas terminé.
Des freins à différentes étapes
Derrière ces chiffres, des vies brisées et des difficultés à se faire entendre par la justice.« Ce que je constate au quotidien ce sont des difficultés à engager des poursuites, il y a de nombreux freins », assure maître Marine Cauchi.
Pour l’avocate lyonnaise qui défend de nombreuses femmes contre les violences conjugales, l’écoute et l’accueil de la parole sont des instants clé pour les victimes. «Pour certains, il est encore compliqué d’entendre : mon mari me frappe mais je l’aime. C’est souvent ce que j’entends. Dans ces cas-là, j’essaie de leur faire comprendre qu’il s’agit d’emprise et non pas d’amour».
Parfois ces femmes retirent leur plainte après l’avoir déposée par peur ou par culpabilité. «Mais ce n’est pas parce que vous retirez une plainte que la justice arrête tout. Dans le cas d’une de mes clientes, l’audience a bien eu lieu mais elle n’a pas voulu y assister. Son ex-conjoint a été condamné mais pas autant que si elle avait été présente».
La nécessité de preuves
Autre frein, la notion de preuves. Souvent, les femmes portent plainte quelques jours voire semaines après les violences commises. Il est donc compliqué de hisser ces dossiers jusqu’aux tribunaux. D’autant plus quand il s’agit de violences psychologiques. «La justice ne semble pas prête à les reconnaître. On a du mal à les faire valoir dans les dossiers», regrette maître Cauchi.
Sans preuve, difficile aussi d’établir une interdiction pour les conjoints violents d’entrer en contact avec leur compagne ou ex-compagne. Une mesure pourtant rassurante pour les femmes victimes pendant la phase d’instruction. «Une période de risque majeur pour les femmes», selon maître Cauchi.
Après cette phase d’instruction vient le procès. Depuis quelques années, la question du viol et des agressions sexuelles au sein du couple est systématiquement posée pendant le procès. «On doit faire un peu de pédagogie auprès des femmes victimes pour leur faire prendre conscience de leurs droits et du fait qu’elle peuvent se libérer de ces situations. Les violences conjugales sont un domaine compliqué, il faut savoir écouter et orienter vers des relais sans être trop insistant», assure maître Cauchi.
Une die-in pour rendre hommage
Ce vendredi 25 novembre, le collectif organise un «die-in» sur les marches du palais de justice des 24 colonnes de Lyon. Pancartes avec les noms des victimes entre les mains, les militantes tomberont à l’appel des prénoms de ces femmes victimes.
Pour l’une des organisatrices, en plus de rendre hommage cette action est « une manière d’interpeller les pouvoirs publics. Nous demandons le déblocage du milliard d’euros promis dans le quinquennat Macron, plus de subventions pour les associations et plus de structures d’accueil pour ces femmes victimes », détaille Nora.
Ce samedi 26 novembre à 14h00, une autre manifestation contre les violences faites aux femmes se tiendra place Bellecour à l’appel du collectif Droits des femmes du Rhône.