"Bugey, on n'y pense pas" : comment vivent les habitants de Saint-Vulbas au pied de la plus vieille centrale nucléaire de France ?

Mise en service en 1972, la centrale du Bugey est implantée à Saint-Vulbas dans l’Ain, à 35 km de Lyon. Comment les habitants de cette commune de près de 1300 habitants vivent-ils cette proximité ? Habitude ou inquiétude ? Nous leur avons demandé aussi comment ils envisageaient l'avenir du nucléaire sur leur commune.

Le paysage de Saint-Vulbas, outre la campagne environnante du Bugey, ce sont quatre cheminées de refroidissement de plus de 120 mètres de hauteur, visibles à 40 kilomètres à la ronde jusqu’à l’esplanade de Fourvière, à Lyon. La centrale nucléaire est installée sur la rive droite du Rhône, en limite sud-ouest du Bugey. Pour la situer plus précisément, elle se trouve entre le fleuve et la route départementale 20, allant de Loyettes à Lagnieu, à 10 km en amont du confluent du Rhône avec la rivière Ain.

Depuis la fermeture du site alsacien de Fessenheim, la centrale du Bugey est devenue la doyenne des centrales nucléaires françaises. Le site est même envisagé pour la construction d'une paire de réacteurs EPR2. Comment vivent les Villibadois avec cette proximité ? Sont-ils inquiets ? La centrale fête cette année ses 50 ans d'existence, imaginent-ils aujourd'hui leur vie sans cette installation ? Chez les riverains interrogés, la confiance est le maître-mot. 

"Je ne suis pas inquiet"

Sébastien Riou, propriétaire du food truck L'an-ka, a repris cette activité familiale depuis bientôt 8 ans route de Loyettes, à Saint-Vulbas. La Départementale 20 est l'axe principal qui conduit à la centrale nucléaire. D'emblée, le quadragénaire, ancien charpentier, affiche sa bonne humeur. Ses burgers, mais aussi sa  jovialité, ont fait sa réputation et attirent les fidèles. "Certains, de gros mangeurs, viennent de loin", confie notre cuistot en riant. La proximité des tours de refroidissement ne semble pas faire d'ombre à son commerce, le cuisinier envisage même prochainement de changer son truck pour un modèle plus moderne.

La centrale, Sébastien n'y pense pas même si nombre de ses clients sont des employés du site nucléaire, "qui préfèrent manger chez lui qu'à la centrale". Le cuisinier habite à une vingtaine de kilomètres de Saint-Vulbas, dans le périmètre de l'installation. Sébastien vit à Saint-Romain-de-Jalionas, de l'autre côté du Rhône, dans le département de l'Isère. Avoir les cachets d'iode distribués par les autorités toujours sous la main, ce n'est pas non plus sa préoccupation première. "On les mets dans un tiroir et on oublie. Je ne m'en suis jamais servi", confie notre homme, plus préoccupé par le pouvoir d'achat et la hausse des prix. 

A 47 ans, il a toujours connu la centrale et affiche sa confiance :

Je suis né ici, je ne suis pas inquiet. Mais de toute façon, on n'a pas le choix. Les règles de sécurité sont respectées, l'installation est contrôlée.

Sébastien

Quant à la vision des quatre imposantes tours de refroidissement, "ce n'est pas si vilain que ça. Et les villages autour sont charmants", assure Sébastien.

Si la centrale venait à disparaître du paysage, si nous changions de modèle de développement énergétique, le quadragénaire ne cache pas son scepticisme : "je ne suis pas un spécialiste mais je ne vois pas comment on pourrait faire autrement pour fabriquer de l'électricité". Pour Sébastien Riou, la centrale nucléaire, c'est en quelque sorte, "un mal nécessaire". Eolien, photovoltaïque... il n'est pas franchement convaincu par la capacité de ces énergies alternatives à couvrir les besoins actuels. La perspective de voir disparaître les tours, il préfère en rigoler. 

"On n'y pense pas, on n'en parle pas"

Elisabeth alias Babeth habite depuis 23 ans à Saint-Vulbas, à environ 3 kilomètres de la centrale. La pétillante quinqua habitait autrefois à Loyettes, avant de déménager pour s'installer avec sa famille dans un pavillon avec un vaste terrain. "La présence de la centrale ne nous a pas freiné. On n'y a même pas pensé", assure-t-elle. Il faut dire que la Villibadoise habite dans ce périmètre depuis toujours. Son père, ouvrier du bâtiment venu du Portugal, a même participé à la construction de l'installation mise en service en 1972 et qui s'est agrandie durant les années 70. 

"La centrale ne me fait pas peur, je suis née avec, je l'ai toujours connue. Je connais beaucoup de monde qui travaille à la centrale", confie-t-elle. Sa vue dans le paysage ne lui fait "ni chaud, ni froid". 

La centrale, on n'y pense pas! On n'en parle jamais. Même mes clientes ne m'en parlent jamais!

Babeth

 Babeth est même radicale lorsqu'on évoque la notion de danger : "je me dis que si ça saute, on sera les premiers, je préfère cela que voir les choses arriver de loin", déclare-t-elle franchement en riantBabeth a cependant soigneusement rangé ses pastilles d'iode dans sa pharmacieMais aux opposants, elle a envie de dire : "posez vous la question à chaque fois que vous allumez la lumière chez vous : d’où vient l’électricité ? "

Coiffeuse à domicile, elle se déplace dans un périmètre de 20 kilomètres autour  de Saint-Vulbas pour travailler. Plus que tout, ce sont les bouchons sur la route, aux heures de pointe, provoqués par les salariés qui la dérangent

"Comme un phare dans la nuit"

Aux premières loges, ce sont les quatre tours de refroidissement que Maryline voit de sa fenêtre. Pour Maryline James, qui vit dans le hameau de Marcilleux, à moins d'un kilomètre de la centrale, la vision des tours de refroidissement, elle s'y est accoutumée malgré ses réticences initiales. 

Elle est installée avec son mari et ses enfants à Saint-Vulbas depuis 6 ans. Cette vue imprenable sur la centrale est devenue son quotidien. "Quand mon mari m'a annoncé sa mutation si près d'une centrale, ma première réaction a été de me poser des questions, notamment en terme de santé car les enfants étaient très jeunes". Mais pour la jeune femme, originaire de Haute-Savoie, au-delà de la centrale, c'est tout le panorama des alentours qui est "assez particulier", un panorama "très industriel".

Au début les dégagements de fumées m'inquiétaient. Maintenant, on n'y fait plus attention. C'est presque devenu un phare dans la nuit. Quand on voit le panache, ça veut dire qu'on se rapproche de la maison. C'est devenu un repère visuel.

Maryline

Aujourd'hui, Maryline s'est familiarisée avec la centrale, et elle ne peut s'empêcher de sourire au sujet des "légendes urbaines" qui circulent sur ces installations nucléaires : "non, l'eau de la piscine de la commune n'est pas chauffée par la centrale et il n'y a pas d'abri sous le bassin". 

Cette mère de famille, également conseillère municipale et présidente du sou des écoles, ne se cache pas être à la fois "écologiste et pronucléaire". Une position "paradoxale", reconnaît-elle. Elle explique "faire tout à pied", ce qui ne laisse pas indifférent et lui vaut parfois quelques moqueries. La proximité de la centrale n'empêche pas non plus cette fille d'agriculteurs de faire son jardin. Maryline n'a pas été marquée par la catastrophe de Tchernobyl d'avril 1986. Davantage préoccupée par la situation de sa maison en bordure de terres agricoles, elle a préalablement fait analyser la terre de sa parcelle avant de se lancer dans la plantation d'un potager. 

Aujourd'hui l'époux de Maryline travaille à Bugey, son fils adolescent veut se tourner vers les métiers du nucléaireSi Bugey devait fermer et être démantelée ? Les conséquences seraient importantes pour de nombreuses familles dans cette commune de près de 1300 habitants. "La centrale est un important pourvoyeur d'emplois, ce n'est pas uniquement de la production d'électricité. Beaucoup de familles qui vivent grâce à la centrale. C'est une petite ville en soi".   

Les gens qui travaillent à la centrale sont nos voisins, nos amis. Cette proximité, c'est aussi un gage de sécurité.

Maryline

Comme pour Sébastien ou Babeth, le nucléaire est pour Maryline une sorte de "mal nécessaire" pour répondre aux besoins croissants en matière d'énergie. Si elle ne minimise pas les dangers de l'atome, la production massive d'énergie est aujourd'hui un vrai défi complexe et "en matière d'énergies vertes, il n'y a pas d'équivalent au nucléaire", une opinion largement partagée aujourd'hui dans le village. 

Si le cadre de vie dans la commune aindinoise est appréciable, Saint-Vulbas le doit aussi en large partie à EDF et aux subventions qui rejaillissent sur la commune depuis plusieurs décennies. Elles ont permis de créer des équipements, d'apporter du "confort" aux habitants. 

"Saint-Vulbas est une ville très agréable, on s'y sent bien. C'est une ville à taille humaine, avec un esprit village", résume Maryline qui n'envisage pas une minute vivre ailleurs pour l'instant. 

Manne financière pour Saint-Vulbas

Le centre-bourg de Saint-Vulbas est situé à environ 3 kilomètres de "Bugey". Et le village aindinois vit à l'heure de l'atome depuis 50 ans. Une véritable lune de miel. Interrogé par l'AFP, début février, Marcel Jacquin, le maire de Saint-Vulbas, élu depuis 1995, le revendiquait d'ailleurs : "on est en parfaite harmonie et pourquoi pas même parler de noces d'or". Avant la construction des installations nucléaires, Saint-Vulbas "c'était quatre vaches, cinq moutons et un camion-citerne venant chercher le lait depuis Lyon", à 40 km. Le bourg comptait 370 habitants, contre 1300 aujourd'hui.

Pour la commune de Saint-Vulbas, les recettes fiscales générées par cette installation sont une véritable manne financière. Elles représentent trois des 10 millions d'euros de son budget annuel. Autre manne: les deux millions de taxes des 185 entreprises du parc industriel de la plaine de l'Ain, créé en 1976 pour anticiper l'arrêt de la centrale. Aujourd'hui, la manne financière ne profite pas uniquement à Saint-Vulbas, la communauté de communes tire aussi les bénéfices de la présence de la centrale sur le territoire. 

Des équipements municipaux enviables

Médiathèque, centre de loisirs, ensemble aquatique avec "rivière nordique" et même "centre international de rencontres" qui vu Johnny Hallyday s'y produire. Comment ne pas évoquer l'ensemble des équipements dont bénéficient les habitants de Saint-Vulbas ? Avec l'arrivée de la centrale nucléaire et des entreprises, le quotidien de la petite commune rurale a été largement bouleversé. Aujourd'hui, ces équipements  feraient pâlir la plupart des villes moyennes. Des équipements dignes d'une ville de 100 000 habitants selon certains, et qui profitent largement à l'ensemble du territoire. 

On peut remarquer par exemple un boulodrome de 500 places construit au milieu des années 80. Une salle qui a la particularité d'être dotée de spectaculaires anneaux olympiques installés dans la charpente. Cette enceinte sportive accueille le Sport Boules Saint-Vulbas. C'est un club multi-titré avec 60 licenciés et trois équipes en Elite. Neuf d'entre eux, filles et garçons, figurent

Même en équipe de France. Lorsque j'ai contacté André Casella, les féminines venaient de remporter un nouveau titre, quelques jours auparavant. Une fierté pour le président du club. En novembre prochain, la ville se prépare même à recevoir un championnat international avec 12 nations invitées m'a-t-il annoncé. Un tel rayonnement aurait-il été possible sans cette manne financière? Fort peu probable. 

Le boulodrome et le club financés par la centrale via la commune. C'est une structure "incomparable en France", reconnaît son président. "Et peu de clubs ont le même équipement en Europe," admet le dirigeant. 

André Casella fait partie de ceux qui pensent que les financements de la centrale ont apporté du "confort" à la commune. Enfant du pays, il est même le fils d'un des constructeurs de "Bugey", son père était chef de chantier. A 59 ans, André a vu la centrale sortir de terre. "J'ai toujours connu les tours, depuis tout petit. Mes parents habitaient à 1 kilomètre de la centrale. On a l'habitude de les voir", confie-t-il. André Casella n'est pourtant nullement attaché à ce paysage et à cette architecture écrasante. Comme la plupart des habitants de Saint-Vulbas et des alentours, le quinquagénaire s'est tout simplement accoutumé à la présence des quatre massives tours de béton. "La centrale, on la voit tout le temps, on n'y fait plus attention, elle fait partie de notre environnement". 

Le chef d'entreprise qui a également été pompier volontaire durant 17 ans, ajoute :  Saint-Vulbas, beaucoup pensent comme moi. La population a grandi avec la centrale. Si les personnes avaient peur, elles ne seraient pas venues", assure-t-il.

Concernant le prolongement de la durée de vie la centrale, le Villibadois affiche confiance et sérénité. Et sur la question du risque potentiel d'un accident nucléaire à Bugey, le président de l'association sportive répond avec philosophie mais sans détour :

Doit-on vivre en pensant qu'il va y avoir un problème ? Je vis sans me poser de question.

André

Si la centrale disparaissait du paysage, comment réagirait-il ? Au-delà de l'aspect esthétique et architectural, le Villibadois s'interroge, sans se prononcer sur l'avenir du nucléaire : "Peut-on se passer du nucléaire à l'heure actuelle? Comment faire sans nucléaire? Je pose la question". 

Des voix critiques et dissonantes

Si les habitants de Saint-Vulbas sont en "confiance", il serait cependant faux de dire que la centrale fait l'unanimité. On est même loin du consensus local. Ecologistes, militants anti-nucléaires, voisins Suisses font largement entendre leurs voix. Pour les détracteurs ce "confort" et cette qualité de vie ont un prix : celui de la sécurité. Et des militants comme  ceux du collectif "Stop Bugey" ne manquent pas de pointer régulièrement du doigt les dangers de cette installation vieillissante, allant jusqu'à réclamer sa fermeture définitive depuis des années. Ainsi, le canton de Genève, à 80 km a demandé sa fermeture au pôle santé publique du TGI de Paris.

Les militants anti-nucléaires ne sont pas les seuls à protester. Les citoyens, comme Eric Gerbe, un habitant de La Balme-Les Grottes, commune située de l'autre côté du Rhône. ll vit dans le périmètre des 10 km autour de la centrale aindinoise et ne cache pas son agacement quand on lui parle de "Bugey". D'entrée il élargit le propos aux centrales nucléaires en général. 

"Ce n'est pas spécifiquement celle-ci qui pose problème, ce sont toutes les centrales nucléaires. C'est un danger pour toute la population, jusqu'à Lyon", assure le retraité, géographe de formation. Ce dernier est convaincu qu'il faut fermer les centrales nucléaires sans tarder et même "au plus vite". La solution selon lui réside dans les énergies renouvelables mais aussi l'hydrogène. 

"On peut remplacer les centrales, il ne faut pas attendre", assure-t-il, pointant du doigt la centrale vieillissante du Bugey, à risque notamment en raison de son âge. "Il faut investir de toute urgence sur le renouvelable et l'hydrogène".

Pour ce Lyonnais d'origine, Isérois d'adoption, c'est le risque qui plane sur les générations futures qui le "heurte" : "On engage toutes les générations qui vont suivre dans une aventure nucléaire, pour des millénaires", déplore le retraité. "Penser qu'on va pouvoir maîtriser des produits fabriqués dans des centrales va à l'encontre des lois fondamentales de la physique", assène Eric. 

Pour le Balmolan, on ne peut balayer les risques d'un revers de la main. Il dénonce à ce titre "une politique de l'autruche" en matière de nucléaire en France. Et il accuse : "EDF déploie beaucoup d'énergie à rassurer." Eric Gerbe réclame aujourd'hui davantage de transparence et d'informations sur les risques engendrés par le nucléaire civil. "Au Japon, il a fallu Fukushima pour qu'il y ait un choc". En attendant, le riverain de la centrale ne s'en cache pas, il conserve ses pastilles d'iode à portée de mains, près du téléphone, et non dans la pharmacie. 

La centrale du Bugey ... en bref

Exploitée par EDF, "Bugey", comme on l'appelle ici, fournit 7% de la production nationale d'électricité, 40% de la consommation de la région Auvergne Rhône-Alpes. Les installations produisent en moyenne 25 milliards de kWh par an. Le premier réacteur, à l'arrêt depuis 1994, a été mis en service en 1972. Aux confins de l'Ain et de l'Isère, le site de la centrale nucléaire s'étend sur une centaine d'hectares, un site entouré de champs et d'une carrière, borné par le fleuve Rhône. Le hameau de Marcilleux se trouve à moins d'un kilomètre et offre aux riverains une vue imprenable sur les quatre cheminées. 

Bugey souffle ses 50 bougies 

Dans les années 70, confortée par les chocs pétroliers, la France a fait le choix du « tout nucléaire » pour sa production électrique. Durant le quart de siècle suivant, un parc de 58 réacteurs nucléaires électrogènes standardisés va être construit dans le pays. En 1965, à Saint-Vulbas, le chantier du premier réacteur Bugey-1, est lancé. 

Les travaux de la construction de Bugey 1 ont été immortalisés par un reportage visible sur le site de l'INA. Il est daté d'avril 1969. On y voit l'avancement du chantier.

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Les travaux de la construction de Bugey 1 ont été immortalisés par un reportage visible sur le site de l'INA. Il est daté d'avril 1969. On y voit l'avancement du chantier. ©INA

A la fin des années 60, le réacteur Bugey 1 devait être la figure de proue du futur parc nucléaire français. Il a été le premier réacteur construit et mis en service sur ce site nucléaire du département de l'Ain. Il s’agissait d’un réacteur de type UNGG (Uranimum Naturel Graphite Gaz), première génération du nucléaire français. Mis en service en 1972, il a été arrêté définitivement en 1994 (au bout de 22 ans de fonctionnement). Le démantèlement complet de l’installation a été autorisé par le décret du 18 novembre 2008. Ce réacteur n'a pas connu d'incident grave. Son démantèlement est encore à l'étude

Le réacteur Bugey 1 devait être la figure de proue du futur parc nucléaire français. La France avait misé sur le "tout nucléaire" pour produire son électricité, par souci d'indépendance et pour faire face à la crise pétrolière des années 70. Un défi industriel et financier. 

Durant la décennie, deux réacteurs à eau pressurisée, Bugey 2 et Bugey 3, ont été démarrés en 1978. Les 56 réacteurs français actuellement en exploitation appartiennent à cette même technologie. Dans l'Ain, les deux réacteurs suivants, Bugey 4 et Bugey 5, ont été mis en service en 1979. Au total, ce sont 4 unités de 900 MW chacune.

L'emploi : un argument massue 

La filière nucléaire revendique aujourd'hui quelque 220 000 salariés dans le pays. Mais le parc atomique français, construit entre les années 1970 et la fin des années 1990, vieillit et nécessite des investissements. Le programme dit de "grand carénage" vise à poursuivre le fonctionnement des réacteurs au-delà de 40 ans, à prolonger la durée de vie de la centrale. Bugey compte environ 1 400 salariés et 600 prestataires à l'année. Les visites décennales de la plus ancienne installation nucléaire française depuis l'arrêt de Fessenheim font actuellement grimper à 4000 les effectifs. Le grand carénage, programme de grands travaux jusqu'en 2026-2027, a généré chez les sous-traitants locaux "1.500 emplois au long cours", selon le directeur.

L'avenir : bientôt 2 EPR ?

Le 10 février, Emmanuel Macron a annoncé un vaste plan de relance nucléaire, avec l'objectif pour 2050 de construire six nouveaux EPR de seconde génération et d'étudier la construction de huit réacteurs supplémentaires. "Bugey" est pressenti pour accueillir deux EPR. La centrale "sécurise" son "foncier" et oeuvre pour acquérir des terrains essentiellement agricoles en vue de l'extension de 150 hectares. L'accueil des EPR a un impact dans l'aménagement du territoire et les emplois : 5 à 7.000 emplois sont attendus.

Autre annonce, il veut "prolonger tous les réacteurs qui peuvent l'être", au-delà de 50 ans si possible, et éviter d'en fermer, une volte-face par rapport aux objectifs de 2018 d'en fermer une douzaine.

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