Dans l'Ain, le Rassemblement National a enregistré des scores historiques allant parfois au-delà de 50% des suffrages exprimés. Un succès dont Jérôme Buisson, député de la 4ᵉ circonscription, espère profiter.
Jérôme Buisson épluche les résultats, feutre fluo en main et sourire aux lèvres. Le député RN de la 4e circonscription de l'Ain, savoure les scores de son département parmi les plus élevés de France. "C'est un peu un raz de marée, on s'y attendait, car les sondages le prévoyaient" explique-t-il, tout en se satisfaisant que les résultats dépassent les sondages dans sa circonscription.
"C'est impressionnant de voir des villages qui placent Jordan Bardella à plus de 40% des voix et parfois 50%". Il l'explique notamment par une présence sur le terrain, "on a fait beaucoup de marchés, de cérémonies, de fêtes, des dossiers pris en main, beaucoup de gens rencontrés à la permanence. Et ça nous a aidés à montrer un autre visage que celui qui est dépeint dans les médias ou le monde politique".
Son discours développe les arguments de la normalisation et de la dédiabolisation du Rassemblement national qui lui a valu des résultats historiques en France. Dans le département de l'Ain, 36,5 % des électeurs ont voté pour la liste de Jordan Bardella loin devant la liste de Nathalie Hayer de la majorité présidentielle qui a récolté 14,5% des voix.
L'enjeu des élections législatives
"L'échéance, ça va être de renouveler mon mandat. Chaque échéance électorale est un combat qui n'est jamais gagné d'avance. Mais les scores nous donnent de l'espoir pour une réélection ou pour l'élection de nouveaux candidats" admet Jérôme Buisson.
En 2022, Jérôme Buisson a été élu avec plus de 60% des suffrages, une première, en terre aindinoise. Le député de 51 ans, enseignant de profession, est également conseiller régional depuis 2021. Natif de Roanne, Jérôme Buisson est également conseiller municipal d'opposition à Bourg-en-Bresse et conseiller communautaire de la Communauté d'agglomération du bassin de Bourg-en-Bresse. Jérôme Buisson a pris sa carte au Front National à l'âge de 18 ans. Son engagement s'est précisé avec la stratégie de dédiabolisation du discours de Marine Le Pen.
Damien Abad, député sortant se représente
Parmi les circonscriptions que le Rassemblement National espère prendre à la majorité présidentielle, celle de Damien Abad. Ancien ministre des solidarités, le député en place est poursuivi pour tentative de viol par plusieurs femmes. Le Rassemblement National estime donc qu'avec de tels scores dans le département, il est légitime d'envisager une conquête de ce territoire.
"Avant, ça pouvait paraître des citadelles imprenables, mais dans le cas de Damien Abad, il y a deux éléments, le candidat qui porte ses fragilités et le parti qu'il représente. Dans cette situation, c'est plus facile pour les partis d'opposition" estime Jérôme Buisson.
Mais Damien Abad ne l'entend pas de cette oreille. Il annonce sa candidature et se dit déjà en campagne pour sa réélection avec ou sans le soutien de la majorité présidentielle. "Je suis déterminé, car je suis sur le terrain tous les jours. Les gens savent que je défends le territoire et je ferai cette campagne de terrain. Je ne sais pas si Renaissance va me suivre, mais suis un candidat Divers Droite. Député de terrain, je suis et député de terrain, je resterai."
Face à lui, il aura Christophe Maître comme adversaire, l'actuel attaché parlementaire de Jérôme Buisson. Vendeur sur les marchés à Bourg-en-Bresse, il ne tardera pas à entrer en campagne, tout en étant à la tête du RN dans le département. Rencontré sur son stand de vente de balais et de matériel ménager à Bourg-en-Bresse en 2019, ce dernier estimait alors être "un oublié", car "en tant que travailleur indépendant, on ne peut prétendre qu'à 800 euros de retraite".
La 2e circonscription, celle de Romain Dubié, de la majorité présidentielle, est également très convoitée par le RN. Au pied de la centrale nucléaire du Bugey, à Saint-Vulbas, Jordan Bardella a rassemblé 57% des voix aux élections européennes. Comme partout en France, la question est de savoir si la carte électorale des européennes correspondra sur certains territoires à celle des législatives des 30 juin et 7 juillet.