Le député apparenté Renaissance Damien Abad, mis en examen pour tentative de viol, reste membre du groupe à l'Assemblée nationale mais ne prendra plus la parole en son nom le temps de l'enquête
Une réunion du bureau du groupe Renaissance a eu lieu quatre jours après la mise en examen du député et ancien ministre Damien Abad.
Mis en examen pour tentative de viol, il reste membre du groupe à l'Assemblée nationale mais ne s'exprimera plus en tant que membre du parti le temps des investigations.
L'ancien ministre, accusé de violences sexuelles par trois femmes, a été mis en examen jeudi à Paris pour tentative de viol en 2010 sur l'une d'entre elles. Elle l'accuse d'avoir cherché à lui imposer une fellation en 2010, alors qu'il organisait une soirée chez lui. Des accusations démenties par le député de l'Ain
"La présomption d'innocence s'applique à lui comme à chaque citoyen français", avait expliqué le groupe Renaissance jeudi soir. "De lui-même il a proposé une position de discrétion", a expliqué une source parlementaire à l'AFP, ajoutant que "le groupe ne lui confierait pas non plus de nouvelles responsabilités le temps de l'enquête".
Damien Abad a par ailleurs été placé sous le statut plus favorable de témoin assisté pour les deux autres plaignantes, selon une source proche du dossier. Ces dernières l'accusent de viol en 2010 et en 2011.
L'ancien chef des députés LR avait été nommé en mai 2022 ministre des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes handicapées.
Rappel des faits
Deux femmes avaient accusé l'ancien ministre de viol et de tentative de viol et avaient déposé leur témoignage devant l'observatoire des violences sexuelles en politique. Un signalement qui n'avait pas empêché sa nomination, au nom de la présomption d'innocence.
Un mois plus tard, une des deux femmes, élue centriste décide de porter plainte, pour des faits remontant à 2010, Damien Abad "condamne alors ces accusations avec la plus grande fermeté". En juin 2023, après un an d'enquête préliminaire, une information judiciaire est alors ouverte pour viol et tentative de viol. En juillet 2023, une deuxième plainte est déposée, puis une troisième, en juillet 2024.
Laëtitia raconte une fellation sous contrainte
L'affaire pour laquelle Damien Abad est mis en examen pour viol concerne des faits reprochés par l'ancienne présidente d'une fédération du mouvement de jeunesse du Nouveau centre, dont M. Abad, alors député européen, était le président national.
Sous le nom d'emprunt de Laëtitia, elle confie à Médiapart que le soir des faits, selon son récit, Damien Abad lui a "offert un verre" au fond duquel elle a vu "quelque chose": méfiante, elle est allée recracher sa gorgée aux toilettes.
Toujours selon ses dires, M. Abad l'attendait derrière la porte et tout est allé "très vite": l'eurodéputé l'aurait "poussée dans une pièce en face" puis aurait tenté de la contraindre à une fellation. "J'avais peur, j'étais sidérée. Je me suis débattue, je l'ai frappé dans le ventre", raconte-t-elle. "Laëtitia" dit avoir finalement pu "se défaire" de son agresseur présumé et sortir de la pièce grâce à l'irruption d'un convive.
Impossible physiquement selon ses avocats
Le député du Haut Bugey fait valoir qu'"une expertise médicale réalisée par un spécialiste" de l'arthrogrypose, maladie rare dont il est atteint, "démontre clairement que son handicap le place dans l'impossibilité physique de commettre les faits injustement reprochés".
"Les accusations formulées sont matériellement et scientifiquement impossibles", ont abondé auprès de l'AFP ses avocats, Mes Jacqueline Laffont et Robin Binsard.
Au contraire, pour Me Mario Stasi, les accusations de sa cliente Laëtitia sont "cohérentes et recoupées par des témoignages concordants". "Cette mise en examen attendue est logique", a-t-il réagi.
Après avoir été interrogé plusieurs heures par deux magistrats instructeurs, M. Abad a aussi été placé sous le statut de témoin assisté pour les deux autres plaignantes. Ces dernières l'accusent de viol en 2010 et en 2011.