Fusillade mortelle à Nantua : les habitants entre tristesse et fatalisme

Dans cette commune de 3400 habitants règne un sentiment de lassitude et de peine après la fusillade du 1er juin qui a fait un mort et deux blessés. Une escalade de la violence qui ne surprend pas des riverains habitués aux incivilités.

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Derrière le zinc de son café, Anne Lo-Bono a assisté à toute la scène. La violente altercation, puis les coups de feu mortels. Elle a vu la jeune victime, Mustapha, âgé de 19 ans, s'effondrer sur le trottoir devant son café. "J'ai peut-être eu un sixième sens, je me suis tout de suite dit que je devais fermer et calfeutrer le bar. J'ai bien fait", raconte-t-elle au lendemain de la fusillade.

Elle connaissait la victime de vue, car il était client du snack en face de son établissement. Aujourd'hui, elle est écœurée : "c'est tragique quand un gamin de 19 ans se prend une balle sur un trottoir". La gérante témoigne d'incivilités fréquentes dans ce petit village de 3400 habitants, alors elle ne se dit même pas surprise : "des exactions peuvent aller crescendo, il y a presque une forme d'impunité... Et des choses comme ça se passent", déplore Anne Lo-Bono.

À Nantua, tout le monde se connaît. Mustafa, 19 ans, semblait sans histoire et apprécié de la communauté turque dont il faisait partie, comme l'explique un témoin du drame qui préfère rester anonyme : "c'était quelqu'un de très respectueux, il avait des projets d'avenir, tout le monde est sous le choc, personne ne comprend".

À cette étape de l'enquête, les causes du différend et les liens entre les acteurs de ce drame ne sont pas encore connus. On sait juste que la victime et son meurtrier présumé se connaissaient et "avaient grandi ensemble" selon un commerçant. "Je ne sais pas ce qui leur a pris" a-t-il ajouté auprès de France 3 Rhône-Alpes.

Dans le centre-ville hier, la thèse d'affrontements entre communautés a été massivement écartée par les riverains qui décrivent une ville sans heurts de cette nature. 

"Il faut que l'État revienne à Nantua"

Le maire de Nantua, Jean-Pascal Thomasset, reconnaît cependant des problèmes de délinquance et d'incivilités dans sa commune. "C'est un drame épouvantable qu'on avait anticipé, les protagonistes étaient connus et on avait alerté à de nombreuses reprises la gendarmerie". L'élu local a d'ailleurs écrit au ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, pour obtenir une unité de gendarmerie supplémentaire, perdue il y a quelques années. 

Lui aussi rejette l'argument communautaire et estime qu'il s'agit de disputes personnelles entre les deux jeunes. Il en tient pour preuve l'absence totale d'incidents le week-end dernier : 10000 personnes s'étaient donné rendez-vous dans la petite ville de l'Ain pour célébrer un festival de musique et un match de rugby.

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