Avec 60 000 nouveaux habitants en 10 ans, le département de l'Ain connaît une poussée démographique sans précédent. Le conseil départemental doit donc construire des collèges chaque année. Mais pour le nouvel établissement d'Ornex, dans le Pays de Gex, l'Education nationale sait déjà qu'elle va avoir du mal à recruter, en raison du coût de la vie à la frontière suisse.
C'est un problème bien connu dans le Pays de Gex : le territoire n'attire plus les fonctionnaires. Dans cette enclave, coincée entre la frontière suisse et le massif du Jura, les prix de l'immobilier se situent entre ceux de Lyon et de Paris. La "faute" aux frontaliers qui vivent côté France mais travaillent à Genève où le salaire minimum est de 4400 euros brut.
L'attractivité de cette Suisse voisine rend aussi les produits immobiliers rares. Chaque année depuis dix ans, l'Ain gagne 6000 habitants par an, essentiellement dans cette zone frontalière qui a passé la barre des 100.000 personnes.
Le Département se retrouve donc face à un dilemme : construire des collèges pour faire face à la demande, sans savoir s'il y aura des enseignants volontaires.
Pour autant, le budget "Collèges" est désormais le premier budget au conseil départemental. Il y aura bientôt 54 établissements dans l'Ain.
Nous avons envisagé la construction de deux autres collèges, l'un dans la Plaine de l'Ain, l'autre dans le Pays de Gex.
Véronique Baude, Vice-présidente du Département de l'Ain
À Ornex, ville collée à la frontière, un nouveau collège ouvrira en septembre 2024. Le bâtiment a coûté 33 millions d'euros pour accueillir 900 élèves qui pourront suivre des cours avec vue sur le Mont Blanc. Une réunion publique d'information très attendue, a accueilli près de 200 parents début décembre. Parmi les sujets évoqués, le problème du recrutement des enseignants.
"Pour que les enseignants restent et que d'autres viennent d'ailleurs, il faut les motiver", explique une mère.
Aux dires de l'Inspectrice d'académie, la récente prime de vie chère accordée par le gouvernement aux fonctionnaires du Pays de Gex doit, -un peu-, améliorer la situation. Elle s'établit à 840 euros brut par an en moyenne. Mais elle ne fera pas tout.
Je ne vais pas vous mentir, je ne suis pas sûre d'avoir tous les enseignants à la rentrée. Nous avons été en difficulté en début d'année scolaire et nous le sommes toujours un peu.
avoue Marilyne Rémer aux parents.
C'est la désillusion pour une autre maman. "C'est vraiment très compliqué, et pour vous dire à quel point, je m'interroge si vraiment mes enfants vont rester scolarisés dans le secteur", confie-t-elle.
Reportage Franck Grassaud et Bénédicte Millaud