La chambre de l'instruction de la cour d'appel d'Aix-en-Provence a accepté la demande de remise en liberté des deux pilotes français mis en examen dans l'affaire Air Cocaïne, Bruno Odos et Pascal Fauret, a-t-on appris jeudi auprès de leur avocat et de source judiciaire.
Les deux pilotes, qui avaient fui de manière rocambolesque la République dominicaine fin 2015, ont l'interdiction de sortir de leurs départements de résidence, d'exercer une activité dans le domaine aéronautique et de rentrer en contact avec les autres personnes mises en examen dans cette affaire, a précisé la source judiciaire. Ils doivent remettre leurs passeports aux autorités judiciaires et pointer une fois par semaine à la gendarmerie la plus proche de leur domicile, dans l'Isère pour Bruno Odos, et dans le Rhône pour Pascal Fauret .
"Je me réjouis de cette décision mais c'est la moindre des choses", a réagi Eric Dupond-Moretti, un de leurs avocats. "Hier (lors de l'audience de demande de remise en liberté mercredi, ndlr), nous avons demandé au ministère public de nous dire quels étaient les indices de culpabilité et il a été dans l'impossibilité de nous répondre. C'est donc normal qu'ils aient été remis en liberté. Ils sont innocents", a-t-il poursuivi.
En France, l'enquête est conduite par une juge d'instruction marseillaise, Christine Saunier-Ruellan, tandis que la justice dominicaine a déjà condamné les deux hommes en appel à 20 ans de prison.
Le rappel des faits
Les deux pilotes avaient été interpellés dans la nuit du 19 au 20 mars 2013, quand la police dominicaine, renseignée notamment par les États-Unis, avait intercepté sur le tarmac de l'aéroport de Punta Cana un avion Falcon 50 avec 26 valises contenant 680 kilos de cocaïne à son bord. L'enquête avait démarré en France environ un an plus tôt après la découverte de valises suspectes débarquées d'un avion privé sur l'aéroport de Saint-Tropez.Le 28 octobre 2015, alors qu'ils étaient en liberté conditionnelle avec interdiction de sortie du territoire dans l'attente de l'examen de leur appel, ils avaient fui ce pays des Caraïbes en bateau pour rejoindre l'île antillaise franco-néerlandaise de Saint-Martin avant d'arriver en avion à la Martinique d'où ils avaient gagné, toujours par les airs, la métropole.
Deux autres Français restés en République dominicaine, Nicolas Pisapia, présenté comme le passager du jet, et l'apporteur d'affaires Alain Castany, ont également fait appel de leur condamnation en août 2015 pour trafic de drogue et attendent leur nouveau procès. Christophe Naudin, un expert français en sécurité aérienne de 52 ans, doit lui aussi être prochainement jugé en République dominicaine pour son implication dans l'évasion des deux pilotes. Il avait été arrêté en Egypte le 3 février, puis extradé vers la République dominicaine.