La justice de la République dominicaine a émis un mandat d'arrêt contre trois Français, dont le député européen Aymeric Chauprade, pour leur participation présumée à l'évasion des pilotes français condamnés dans l'affaire dite "Air Cocaïne", a annoncé dimanche le ministère public dominicain.
Les deux autres Français visés par ce mandat d'arrêt international sont Christophe Naudin et Pierre Malinowski, a indiqué à la presse le procureur général Francisco Dominguez Brito. Christophe Naudin est criminologue et spécialiste de la sûreté aérienne. Pierre Malinowski est assistant parlementaire de Jean-Marie Le Pen et de Aymeric Chauprade à Strasbourg.
Le mandat d'arrêt "a été établi concernant messieurs Aymeric Chauprade, Christophe Naudin et Pierre Malinowski, après que les autorités dominicaines eurent présenté des preuves de leur implication présumée dans la fuite" des deux pilotes français, a indiqué le procureur général.
L'enquête a permis de faire la lumière sur la présence des trois hommes en République dominicaine et les différentes étapes dans la réalisation de l'évasion des pilotes français. Le mandat établi par le juge José Alejandro Vargas, sur demande du procureur, implique une demande internationale d'arrestation, appelée "notice rouge", diffusée par Interpol, l'Organisation internationale de police criminelle (OIPC).
"Cela implique que si l'un ou plusieurs d'entre eux venaient à quitter le territoire français pour se rendre dans un autre pays, ils seraient arrêtés pour répondre devant la justice dominicaine de violation de la loi 137-03 sur le trafic illégal de migrants et la traite de personnes", a déclaré le procureur.
Rappels de l'affaire Air Cocaïne
MM. Chauprade, Naudin et Malinowski ont reconnu leur participation à l'évasion de République dominicaine des deux pilotes français. Ces pilotes, Pascal Fauret et Bruno Odos, ont été condamnés tous deux à 20 ans de prison par la justice dominicaine pour trafic de drogue dans l'affaire dite "Air Cocaïne". Ils ont été arrêtés en mars 2013 par les autorités dominicaines aux commandes d'un avion d'affaires chargé de valises contenant 680 kg de cocaïne. Anciens militaires reconvertis dans l'aviation d'affaires, les pilotes ont toujours clamé leur innocence.Le 28 octobre dernier, alors qu'ils étaient en liberté conditionnelle avec interdiction de sortie du territoire dans l'attente que leur appel soit examiné, les deux hommes ont quitté clandestinement la République dominicaine et rejoint la France. Une fuite rocambolesque. Peu après leur retour, les deux pilotes ont été placés en détention provisoire début novembre par la justice française qui enquête sur ce vaste trafic international de drogue. La justice a confirmé le 19 novembre leur maintien en détention.
Le procureur a une nouvelle fois demandé dimanche à la France l'extradition des pilotes car "les Etats doivent agir de manière radicale et frontale contre les structures du crime organisé qui détruisent nos sociétés et se moquent de nos contrôles et de nos frontières".
Avec les deux pilotes, deux autres hommes avaient été arrêtés: Alain Castany, un assistant de vol, et Nicolas Pisapia, un passager, également condamnés en août dernier à 20 ans de réclusion et placés en résidence surveillée en République dominicaine.