Allier : une association fleurit les carrés des indigents

En ce jour de la Toussaint, l’association Aide aux Bakas a tenu à rendre hommage aux indigents, ces hommes et ces femmes enterrés de manière anonyme dans les cimetières de l’agglomération moulinoise.

Déposer des chrysanthèmes, se recueillir quelques instants… Un rituel somme toute banal en ce jour de la Toussaint. Sauf que ce mardi matin, au cimetière d’Yzeure, la quinzaine de personnes réunies ne connaît pas les morts à qui elle rend hommage. Ce sont ce qu’on appelle communément les « indigents » : des anonymes dont la famille n’a pas eu les moyens de payer une concession ou n’a tout simplement pas réclamé le corps. « On s’est donné pour mission de ne jamais lâcher ces gens qui sont seuls et qui ont été enterrés dans le carré des indigents », explique Virginie Jublot, présidente de l’association Aide aux Bakas qui a mis en place l’opération. « On s’est rendu compte qu’à la Toussaint, les gens vont visiter leurs proches mais que ces personnes, qui ont vécu avec nous pour certaines, sont abandonnées », poursuit-elle. L’Aide aux Bakas rendait donc visite ce matin aux carrés des indigents des trois villes de l’agglomération moulinoise : Moulins, Avermes et Yzeure.

Personne n'est abandonné le jour de sa mort

Ce n’est pourtant pas la mission première de l’association qui s’est donné pour objectif de construire une école au Cameroun pour venir en aide aux Bakas, un peuple pygmée menacé. Mais pour Virginie, d’origine camerounaise, comme pour la plupart des membres de l’association, « on ne peut pas fermer les yeux » sur cette solitude des personnes décédées. Au Cameroun, « les morts ne sont pas enterrés dans des cimetières mais devant nos maisons », raconte la jeune femme. « Il y a aussi des personnes immigrées, comme les tchadiens ou les centrafricains, qui viennent faire des petits travaux. Le jour où ils meurent, on les accompagne comme les locaux. Personne n’est abandonné le jour de sa mort », martèle-t-elle.

Alors depuis trois ans, l’association met en place une collecte de pièces rouges pour financer l’achat des chrysanthèmes destinés à fleurir les parcelles anonymes. Elle se bat aussi pour que ces carrés soient mieux aménagés et propices au recueillement. Car souvent, ce sont des coins de terre, où seules quelques croix et autres plaques funéraires modestes permettent de savoir que des tombes sont cachées en dessous. Peu à peu, les choses avancent. L’an dernier, une allée a été refaite au carré des indigents de Moulins. Et cette année à Yzeure, un petit carré de pierres a été construit par la mairie pour rendre hommage à ces anonymes, éparpillés aux quatre coins du cimetière.