"J'ai mal à ma ville ! Ici, ils ont de super conditions pour apprendre ! Pour aller loin !" Le maire de Montluçon en colère après une nuit de saccage

Montluçon, dans l'Allier, a été touchée par des émeutes dans la nuit de samedi à dimanche. Une ville moyenne de 35 000 habitants, qui vit d'habitude loin des problèmes de banlieue. Pour le maire, les émeutiers ont juste voulu imiter ce qu'ils voient dans les grandes villes. Témoignage.

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Il n’a pas eu peur. Mais il est marqué. Faire face à des jeunes, cela lui était déjà arrivé. « Mais pas dans ce genre de circonstance. » Frédéric Laporte, le maire (LR) de Montluçon, a la voix lasse des gens qui n’ont pas dormi et qui ont vécu des événements difficiles.

Dans la nuit de samedi à dimanche, des jeunes des quartiers de la ville ont voulu, à leur tour, participe aux émeutes qui secouent en ce moment la France. Bilan : des dizaines de poubelles incendiées, des dizaines de vitrines brisées, une pharmacie et un magasin de sport pillés, une auto-école et les locaux d'une association d'aide à domicile détruites par le feu.

Un élu blessé à la tête

Et des élus menacés : « Ils étaient très nombreux, très énervés, tous masqués », relate Frédéric Laporte. « Ils m’ont reconnu et les insultes ont commencé à fuser et une pluie de cailloux s’est mise à tomber. » Le maire est visé par un tir de mortier qui rate sa cible mais un élu d’une soixantaine d’années est atteint à la tête par une pierre. Il sera hospitalisé jusqu’à ce dimanche matin.

Montluçon, 35 000 habitants, ville ouvrière avec ses quartiers, mais ville de l’Allier, département peu connu pour sa délinquance et ses problèmes. Ici, on célèbre surtout le bocage et ses vaches blanches bien dodues, le thermalisme et ses sources guérisseuses, le patrimoine historique et ses ducs de Bourbon, ancêtres des rois de France.

"Un phénomène de mimétisme"

 Alors que s’est-t-il passé à Montluçon, deuxième ville d’Auvergne par le nombre d’habitants ? « Cela n’a rien à voir avec la mort de  Nahel », s’insurge Frédéric Laporte, très en colère. « C’est un phénomène de mimétisme. Montluçon est une ville calme. Là, ils ont voulu copier ce qu’il se fait ailleurs ! »

 

Ces jeunes ? Il pense bien en avoir identifiés certains, notamment celui qui l’a visé avec un tir de mortier. Huit ont été interpellés. Majeurs. « Les limites ont été très largement dépassées. J’espère que la justice va frapper très fort et les sanctionner. Huit ont été pris, il en reste 32 dans la rue. Il faut les retrouver ! »

Un maire déterminé qui a instauré un couvre-feu de 4 jours à partir de ce dimanche 2 juillet au soir. « Des habitants ont reconnu certains jeunes et ils étaient abasourdis de voir ça ! ».

"Cela n'a rien à voir avec la pauvreté !"

Un maire plus qu’en colère : «  On leur met des moyens à disposition pour s’exprimer, ils ont des terrains de foot, on a des contacts réguliers avec eux. Là, ça n’a rien à voir avec la pauvreté. Cela n’a rien à voir avec le racisme ». Frédéric Laporte martèle sa parole : « Cela n’a rien à voir avec la vie dans les quartiers. C’est juste un alibi ! »

Montluçon a peut-être subi une désindustrialisation et du chômage mais cela ne ressemble en rien à la vie dans de grandes métropoles comme Marseille ou Lyon. « Ces jeunes seraient mieux à l’école ! Qu’ils commencent par le début : suivre les cours et apprendre ! Parce que des gens issus des quartiers et qui ont fait de belles carrières, il y en a des milliers ! Ici dans une ville comme la nôtre, ils ne partent pas avec un handicap. Ils ont de super conditions pour apprendre, pour être éduqués, pour aller loin ! » 

Appel aux parents

Frédéric Laporte souhaite à tout prix que sa ville retrouve le calme. Immédiatement. Il en appelle aux parents « parce que même un gamin de 18 ans ne peut pas faire ce qu’il veut. C’est une question d’éducation. »

Un maire définitivement dépité : « J'ai mal à ma ville...»

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