Dimanche 15 mai, Yzeure (Allier) affronte le PSG en finale de la Coupe de France féminine de football. Le choc de deux clubs que tout oppose.
Une lutte des classes : premier club de D2 à atteindre la finale de la coupe de France féminine, Yzeure et ses joueuses amateures sont l'invité surprise dimanche 15 mai à Dijon (18H15), face aux stars du PSG, obstacle a priori insurmontable. Pour atteindre la finale, Yzeure n'a affronté que des équipes de niveau inférieur ou égal au sien, évitant ainsi les gros tels que Paris qui a éliminé l'OL (3-0) dès les 8es de finale. "Cela nous a libéré des espaces, forcément. C'est la magie de la coupe et le tirage au sort en fait partie", sourit Renaud Fabre, le directeur général.
150 licenciées
Mais le parcours des Bourbonnaises a aussi tenu à un fil avec trois victoires aux tirs au but, contre Thonon-Evian (D2), Toulouse FC (niveau régional) et Lille (D2). Et elles n'ont joué qu'une fois à l'extérieur, à Rodez (D2, 1-0), en quarts. Cette fois, la marche est bien plus haute...Troisième de son groupe de D2 (avec une promotion hors d'atteinte en D1), le FFYAA (Football féminin Yzeure Allier Auvergne) est exclusivement féminin, a été fondé en 1999, et compte 150 licenciées pour sept équipes, une par catégorie d'âges. Le club a évolué en Division 1 de 2008 à 2014.
" Nous avons le plus petit budget de D2"
"Depuis huit ans, nous sommes classés aux places d'honneur. Les moyens financiers manquent pour remonter. Nous avons le plus petit budget de D2", fait remarquer Renaud Fabre, directeur général. Le budget est de 275 000 euros dont seulement 30.000 de subventions municipales. Une grosse différence de traitement et un manque de reconnaissance selon les dirigeants, en comparaison avec les garçons de l'AS Moulins-Yzeure (N2, 4e div.) qui perçoivent 190 000 euros de la Ville d'Yzeure et autant de Moulins. Le club a pourtant été un tremplin pour des joueuses renommées, à l'image de son attaquante Seynabou Mbengue -20 buts cette saison dont deux en demi-finale face à Nantes (D2, 2-1)- qui devrait partir à l'intersaison.
Des internationales
Avant de devenir internationales, les Auvergnates Laure Boulleau (PSG), aujourd'hui consultante sur Canal plus, Charlotte Bilbaut (Montpellier, Paris FC, Bordeaux) ou Sandrine Dusang (Lyon, Juvisy) sont passées par Yzeure. Comme aussi l'entraîneure et présidente déléguée du club, Ophélie Meilleroux (38 ans), formée au club, ancienne de Soyaux et Montpellier, ex-capitaine de l'équipe de France (67 sélections). A l'instar du patron du club, Dominique Darnet, ingénieur à la direction départementale des territoires (DDT), les joueuses, elles, sont toutes amateures avec un emploi, parfois municipal, au club, chez des sponsors et même... dans un fast-food local. Elles ont pris un jour de congé pour partir au vert dès vendredi sur Dijon. "Nous avons cette capacité de trouver du travail aux joueuses que nous recrutons dans une région peu touchée par le chômage", confie Renaud Fabre en évoquant le fonctionnement.
Repérer les talents
"Nous repérons des éléments d'avenir ou en quête de relance pour évoluer dans une équipe du haut de D2. Mais tous les ans, nous sommes préparés à perdre nos meilleurs éléments. Et ce sera peut-être pire cette année car notre parcours a suscité la curiosité de nombreux recruteurs", explique-t-il encore. L'effectif s'entraîne cinq soirs par semaine sur un stade champêtre avec des conditions de pratique et un confort plutôt aléatoires à l'image des vestiaires. Un contraste saisissant avec les installations ultra-professionnelles dont jouissent le PSG ou Lyon. Le groupe comprend quand même six joueuses internationales, Christine Manie et Dolores Tsadjia (Cameroun), Clara Moreira (Portugal), Iman El Ghazouani (Maroc), Chelsea Surpis (Haïti) et Rael Steinschenider (Israël). Mais toutes ces difficultés logistiques et ce manque de moyens ont contribué à souder ce club, heureux d'être, pour une fois, sous les feux des projecteurs.
