En 2023, un rapport indiquait que 70% des haies en France avaient disparu depuis 1950. Pourtant, leurs bénéfices sont nombreux, notamment pour l’agriculture et la biodiversité. Si l’entretien peut être fastidieux, il suffit pourtant de bonnes pratiques pour éviter de s’y attarder.
Dans le bocage bourbonnais, à Louroux-de-Beaune, les haies font partie du paysage. Antoine s’est installé en 2018. Il a conservé et entretenu ces haies pour le bien-être de ses animaux. Antoine Lesay, agriculteur, raconte : “Si vous laissez pousser la haie jusqu’à 10 mètres de haut, vous allez récupérer une superficie de 700 m sans vent derrière. Cela permet à mes bêtes de pâturer à l’abri toute l’année. C'est aussi une zone d’ombre car on a très peu d’arbres. Derrière, la pousse d’herbe va être un peu plus conséquente donc cela offre plus de fourrage pour mes chèvres”. A son arrivée, ses parcelles comportaient 7 kilomètres de haies. Aujourd’hui, elles constituent un réseau de 16 kilomètres qu'il entretient. L’agriculteur poursuit : “On taille surtout en épaisseur. Ensuite, au pied, on effectue un débroussaillage ou un désherbage manuel”.
Bien tailler les haies
L’entretien d’une haie nécessite l'usage de bonnes machines. De mauvais outils peuvent blesser les arbres et nuire à leur santé. Laurence Vialard, membre de Mission Haies, souligne : “Cette haie a été taillée trop bas. Un arbre repousse au point de coupe. En les gardant trop bas, les arbres n’atteignent jamais la taille à laquelle ils peuvent produire les fleurs et les fruits. Par conséquent, ils sont tout le temps en âge de pousse. On va créer beaucoup de plaies et les troncs continuent de vieillir. Cela ne va servir qu’à la délimitation”.
Préserver la biodiversité
Régulièrement, des haies sont plantées, comme sur la parcelle d’un agriculteur. L’une d'elles est âgée d’un an. A sa maturité, le bois récolté lors de la taille sera valorisé. Les brise-vents sont aussi des gîtes de biodiversité. Laurence Vialard, membre de Mission Haies, insiste : “Les chauves-souris peuvent profiter de ces cavités, voire les rapaces”. Fabrice de Biasi, de la Ligue de protection des oiseaux (LPO), précise : “Il faut imaginer que les oiseaux et des animaux comme les hérissons y trouvent leur compte. Les petits oiseaux iront plutôt dans la partie arbustive. Cette haie est intéressante car elle a pu grossir. Elle fournit des fruits. Elle est assez épaisse donc elle peut servir de refuge aux petits oiseaux”.
Le retour des oiseaux et des insectes
De son côté, Antoine, lui, a constaté un véritable rebond de cette biodiversité. Il rappelle : “La LPO a fait un comptage il y a deux ans. On comptait entre 15 et 16 espèces d’oiseaux. On est à l’heure actuelle à presque 40 espèces différentes. A cela s’ajoute une diversité d’insectes au pied des haies qui est assez importante”.
Les haies ont pourtant mauvaise presse auprès de certains agriculteurs. Certains redoutent des difficultés d’entretien et qu’elles soient peu rémunératrices ou gênantes pour des cultures. Elles sont pourtant un vrai atout face au changement climatique et à des pratiques agricoles trop extensives.
Propos recueillis par Romy Ho-A-Chuck / France 3 Auvergne