C'était leur projet de retraite : élever des alpagas, ils en ont fait une entreprise. À Cusset, dans l'Allier, Jean-Paul et Joëlle Corgnet ont créé une filature pour valoriser la laine de leurs animaux.
Bétanio, Almiro, Yaoli, Odin, voici quelques-uns des noms des 25 lamas et alpagas de Jean-Paul Corgnet. Avoir son troupeau, c'était son rêve. Il a pu le concrétiser il y a quelques mois à Cusset, dans l'Allier.
"Sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, avec mon épouse, nous avons découvert les alpagas. Nous en sommes tombés amoureux, les élever, c'était notre projet de retraite."
22 couleurs
Au milieu de son troupeau, le retraité ne cesse de sourire. "Ils sont très beaux, très doux au toucher et très attachants." Certains animaux acceptent de se faire caresser, d'autres gardent leur distance, mais il l'assure, les élever n'est pas difficile.
L'objectif maintenant : produire une laine de très grande qualité, pour cela le couple a sélectionné des animaux de différents élevages français. "Il y a 22 couleurs différentes et selon ce qu'on veut, on fait des croisements."
Vie en troupeau
Les femelles sont séparées des mâles qu'elles ne rencontrent qu'une fois par an. "Pas le choix, sinon le mâle les épuise, c'est un vrai Dom Juan", plaisante Jean-Paul Corgnet.
Après leur naissance, les crias (nom des bébés alpagas) restent six mois avec leur mère. Ils sont ensuite installés avec la vieille alpaga ou le mâle castré du troupeau. "C'est pour leur éducation. Quand ils sont jeunes, les alpagas ne lâchent jamais les adultes qui s'occupent d'eux."
Quand le lama a surtout été sélectionné comme animal de bât (pour porter des charges), son cousin alpaga, plus petit et plus léger (60 kg de moins), est élevé pour sa laine.
Il en existe deux types : les huacayas, avec un pelage doux et frisé, et les suris, dont le pelage ressemble à des dreadlocks. Une laine reconnue pour sa douceur.
Circuit-court
À quelques mètres de l'élevage, se trouve la micro-filature flambant neuve. Ici, la laine est transformée en pelotes. Opérationnelle depuis à peine deux mois, la filature produit déjà 12 kilos de laine par semaine.
Tout est fait sur place. Une fois la toison tondue, il faut dépoussiérer, laver, sécher, aérer la laine, avant de la passer dans les machines.
Sur les étagères, on aperçoit de la laine rose, mais ce n'est pas celle des alpagas. "C'est du mouton de mérinos, les couleurs de l'alpaga sont déjà magnifiques, pas besoin de teindre", explique Joëlle Corgnet.
Les machines transforment les nuages de laines en ruban régulier, puis en fil étiré et peigné. "Avec l'ordinateur, on peut choisir l'épaisseur du fil", détaille-t-elle. De la tonte à la pelote, 30% de matière est perdue dans la transformation.
Objectif : 100 alpagas
La petite entreprise compte déjà deux salariées formées sur place. "Notre but, c'est de valoriser un produit qui ne l'est plus aujourd'hui, il y a très peu de filatures comme la notre en France."
La laine prête à être tricotée est vendue sur place, entre 25 et 25 euros les 100 grammes. Une laine de luxe.
D'ici deux à trois ans, ce seront les toisons d'une centaine d'alpagas qui viendront alimenter la nouvelle filature. Des naissances sont prévues dès le mois de juin. .