En France, 85 % des fleurs vendues sont importées. Certains fleuristes auvergnats tentent toutefois de privilégier les fleurs locales et de saison, y compris à l'occasion de la Saint-Valentin.
"Anémones, renoncules, mimosas, mufliers, giroflée..." À l'Autre saison des fleurs, à Clermont-Ferrand, Céline détaille la composition de ses bouquets pour la Saint-Valentin. Pour les roses rouges, en revanche, il vaut mieux aller voir ailleurs : "On a décidé de s'en passer il y a des années, car c'est une aberration écologique", explique la fleuriste.
Pays Bas, Kenya, Équateur... Les roses de la Saint-Valentin ne sont pas françaises. Leur empreinte carbone est "loin d'être neutre, sans parler des normes sociales et environnementales qui ne sont pas les mêmes qu'en France", rappelle Céline. Quelles sont les alternatives pour les consommateurs et les producteurs auvergnats ?
Des réseaux de fleuristes locaux
Céline et son mari ont ouvert l'Autre saison des fleurs, animés par de solides convictions éthiques et écologiques. Leur objectif ? "Vendre des bouquets sauvages en privilégiant les fleurs locales et de saison", résume Céline. Les fleurs sont majoritairement fournies par Sodif, une entreprise qui met en réseau des cueilleurs français.
Comme la fleuristerie de Céline, ce fournisseur fait partie du collectif de la fleur française, dont les membres s'engagent à cultiver 100% de leur production en France et à en revendre au moins 50 % en magasin. Un engagement encore loin de la norme, puisque 85 % des fleurs vendues en Hexagone viennent de l'étranger, selon une estimation réalisée par Val'hor, l'interprofession de l'horticulture, de la fleuristerie et du paysage.
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L'Autre saison des fleurs se fournit principalement dans le sud de la France, et notamment auprès marché d'Hyères, dans le Var. Ce qui permet"de les acheminer en train jusqu'à Clermont-Ferrand, en évitant l'avion". La seule exception concerne certaines fleurs cultivées en Italie et acheminées en camion. "On aimerait faire du 100 % local mais il n'y a pas assez de floriculteurs pour fournir notre boutique toute l'année, on aimerait bien qu'il y en ait davantage, notamment en Auvergne", poursuit Céline.
Bannir les roses rouges le jour de la Saint-Valentin, "cela n'a pas été particulièrement difficile", selon la fleuriste. "Nos clients viennent chez nous justement parce qu'ils recherchent des produits locaux et de saison", poursuit-elle. L'essentiel, c'est d'expliquer pourquoi on ne vend pas de roses en février, pourquoi est-ce que c'est mauvais pour la planète." Pour elle, la profession doit faire preuve d'audace : "Il faut que les fleuristes arrêtent de vendre des roses rouges le 14 février !"
Il y a une vraie demande d'alternatives !
Céline, gérante de l'Autre saison des fleurs, à Clermont-Ferrand
Mais pour certains fleuristes, cela reste encore compliqué. À Gannat, dans l'Allier, Anaïs a ouvert la Maison Poéthic en 2020 avec l'envie de "défendre une production locale et de saison". Dans sa boutique, "entre 70 et 80% des fleurs viennent de France, avec une dominante provenant d'Auvergne-Rhône-Alpes", explique cette fleuriste. À l'origine, elle voulait même faire pousser toutes ses fleurs elle-même, "mais avec la boutique ouverte six jours sur sept, ce n'était pas pas possible". Elle cultive toutefois une parcelle d'un hectare qui produit "la moitié" des fleurs qu'elle vend l'été.
Malgré sa volonté de privilégier les variétés locales, Anaïs estime qu'elle n'a pas encore les moyens de se passer de roses rouges pour la Saint-Valentin : "Elles représentent encore plus de 50 % du chiffre d'affaires le 14 février", évalue-t-elle. Les siennes viennent d'Equateur, troisième exportateur derrière le Kenya et les Pays-Bas, selon France Agrimer. Elle encourage toutefois sa clientèle à opter pour des choix à la fois plus écoresponsables et "plus originaux".
C'est tellement vu et revu, les roses rouges, alors qu'il y a tellement d'autres fleurs magnifiques à offrir !
Anaïs, fleuriste de la Maison Poéthic, à Gannat
Côté prix, les anémones, renoncules et les mimosas de saison d'Anaïs coûtent "environ 30 % plus cher que les fleurs des concurrents qui se fournissent à l'étranger". Mais les circuits courts qu'elle privilégie "permettent aussi de faire des économies".
Même son de cloche chez Céline : "Il y a une différence de quelques euros, mais il faut la mettre en regard avec les bénéfices pour la planète et pour les producteurs". À terme, "les consommateurs et les fleuristes ont tous un rôle à jouer pour faire évoluer les mentalités", conclut-elle.