Les travaux de construction sont supendus sur décision du juge des référés, en date de ce 5 février 2021. A Saint-Pierre-de-Colombier, dans les Monts d'Ardèche, ce projet de sanctuaire provoque depuis des mois une levée de boucliers, au nom de la protection de l'environnement.
Le tribunal administratif de Lyon a mis, ce 5 février 2021, un coup d'arrêt provisoire au projet de complexe religieux à Saint-Pierre-de-Colombier. Après obtention d'un permis de construire en décembre 2018, délivré par la préfecture de l'Ardèche, les travaux avaient démarré en mai 2019.
Mais ce chantier qualifié de "pharaonique" par ses opposants a très vite été dénoncé au nom de la protection de l'environnement. Il faut dire que le complexe doit voir le jour, au sein du parc naturel régional, sur les rives de la rivière Bourges, et menace des espèces protégées. Des arguments qui ont convaincu le juge des référés.
Un ensemble immobilier de 19 400 m², en pleine nature
Ce nouvel épisode de procédure a été engagé par l'association "la Famille missionnaire de Notre-Dame". La communauté catholique qui entend construire un complexe religieux, au pied de la statue de Notre-Dame-des-Neiges, s'attaquait à un arrêté du préfet de l'Ardèche, lui enjoignant de régulariser sa situation par rapport au code de l'environnement.
Le chantier prévoit en effet "la construction d'un ensemble immobilier de 19 400 m² à Saint-Pierre-de-Colombier, dans le parc naturel régional des Monts d’Ardèche", relève le tribunal. Comporte "une église et ses annexes, un parvis, un bâtiment d’accueil, une aire de dépose des pèlerins et une passerelle piétonne enjambant le cours d‘eau de La Bourges". Le tout mettant en péril des espaces naturels protégés.
Été 2019 : deux pilliers apparaissent dans le lit de la rivière Bourges et un mur de soutènement est construit. De premiers travaux qui "ne correspondent pas à la déclaration préalable, et qui ont été déplacés sans autorisation de 2m par rapport au plan déposé", a, depuis, fait valoir l'association "Pour l’avenir de la vallée de la Bourges" auprès du juge des référés.
Depuis plus d'un an et demi, les habitants de Saint-Pierre-de-Colombier, n'ont eu de cesse de s'opposer à cette construction, mettant en exergue ses "conséquences néfastes pour l'environnement".
Nécessité d'un inventaire complémentaire des espèces protégées
Le projet immobilier se situe au sein du Parc naturel régional des Monts d’Ardèche. Face à la contestation, "la famille missionnaire de Notre-Dame-des-Neiges a suspendu le chantier pendant trois mois et fait intervenir le bureau d’études environnementales Naturalia Environnement".
Dans son rapport daté d'octobre 2020, le bureau d'études a répertorié sur le site des espèces floristiques ou faunistiques protégées. Il est question de la plante Réséda de Jacquin, de paillons, de poissons, crustacés et amphibiens, de reptiles et d'oiseaux, ou encore de mammifères. Mais les inventaires réalisés jusqu'ici ne sont pas exhaustifs et doivent être complétés.
Les travaux de construction suspendus jusqu'à nouvel ordre
C'est l'argument retenu par le juge des référés. "Seul un inventaire complémentaire réalisé au printemps, période la plus propice de l’année", pourrait lever incertitudes et insuffisances sur le sujet. "Se fondant essentiellement sur le caractère irrémédiable des atteintes que la poursuite des travaux serait susceptible de causer aux espèces ainsi identifiées et à leur milieu, et sur l’impossibilité qui en résulterait de compléter utilement les études écologiques déjà réalisées", le juge a donc estimé qu'il n'y avait pas urgence à suspendre la décision du préfet contestée par la communauté religieuse qui porte ce projet. Les travaux du sanctuaire de Saint-Pierre-de-Colombier sont suspendus jusqu'à nouvel ordre.
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