L'épidémie touche fortement le département de l'Ardèche. Les personnels qui vaccinent expliquent qu'ils travaillent sous tension et font parfois face à des intimidations et des courriers anonymes.
Au centre de vaccination Covid de Saint-Etienne-de-Fontbellon, près d'Aubenas, dans le sud de l'Ardèche, le personnel soignant ne travaille pas en toute quiétude. Des infirmiers libéraux se disent victimes d'intimidation depuis deux semaines, à l'ouverture du centre.
Injonction contre les injections
"Dans notre boîte aux lettres, on a reçu une injonction d'arrêter de vacciner. Il y a un groupe d'antivax ici qui est assez actif qui nous intime fermement d'arrêter de vacciner. On a même eu notre boîte aux lettres détériorée, notre plaque dégradée aussi," explique Cédric Lomel, infirmier libéral.
Pas de menaces directes dans la lettre déposée au cabinet d'infirmiers mais des chiffres évoquant des décès liés à la vaccination. En conclusion, ce courrier daté du 29 novembre dernier et signé "Citoyens Ardéchois", fait état d'une demande très ferme : "Nous vous demandons de cesser dès à présent, toute injection desdits vaccins sur la population".
Les infirmiers libéraux de Saint-Etienne-de-Fontbellon ont déposé plainte pour la dégradation de la boîte aux lettres. A la demande du cabinet, des patrouilles de police viendront également sécuriser les opérations de vaccination.
Des tracts accusateurs
Dans la pharmacie de Saint-Etienne-de-Fontbellon, où l'on pratique une centaine de vaccinations par jour depuis une semaine, des communications anonymes ont également été déposées.
"On a reçu des tracts sur les voitures ou dans la pharmacie. Ils mentionnaient le nombre de décès par vaccin. (Selon ces tracts) si on vaccinait les gens, on était bien conscient qu'on pouvait tuer des gens," explique Raphaëlle Harbourg, pharmacienne à Saint-Étienne-de-Fontbellon. "On en sait pas qui c'est, ce n'est pas signé".
La population moins vaccinée en Ardèche
Dans cette officine, les candidats à la première de dose de vaccin ne se bousculent pas, explique-t-on. Les Ardéchois sont-ils plus réfractaires à la vaccination qu'ailleurs ? Vaccinés ou pas, certains habitants sont partagés entre doutes, inquiétudes et méfiance.
Comme cette habitante de 66 ans qui ne cache pas ses craintes. Elle n'a reçu aucune injection à ce jour. "Je ne suis pas vaccinée, je suis TRES hésitante (...) J'ai peur du virus comme tout le monde et j'ai un peu peur du vaccin aussi. C'est pour cela que je suis très hésitante," explique cette cliente de la pharmacie qui se sent aujourd'hui parfois montrée du doigt.
"On connait des gens qui sont réfractaires : ils ne sont pas vraiment contre le vaccin mais ils sont surtout contre le pass sanitaire. Les gens que l'ont connaît pensent qu'on ne respecte pas leur liberté," explique un septuagénaire venu recevoir sa troisième injection. "On se fait vacciner mais on n'est pas vraiment motivé non plus. On entend tellement de choses contradictoires, venant en plus des gens qui devraient savoir !" ajoute-t-il.
Dans le département de l'Ardèche qui compte un peu plus de 331 000 habitants, le pourcentage de personnes vaccinées est inférieur à la moyenne nationale. 72,6 % des habitants ont reçu les deux premières doses contre 76,3% dans le reste du pays.