La justice doit décider du maintien en placement des trois enfants autistes de Rachel, ou au contraire de leur retour chez leur maman dont ils sont séparés depuis bientôt un an. Rachel a été entendue par un juge. La décision a été mise en délibéré au 24 juin.
Désabusés, les soutiens de Rachel D. n'étaient guère optimistes à l'issue de l'audience devant le juge pour enfants qui a duré près de trois heures, ce mercredi 8 juin au matin. La jeune maman, elle, a dû s'isoler pour vomir.
C'est la question de la prolongation du placement de ses trois enfants, âgés de 4, 6 et 9 ans, accueillis séparément dans des familles d'accueil ou en pouponnière, qui a été débattue à Grenoble.
Cette mère, elle-même Asperger (une forme d'autisme), est soupçonnée de "provoquer" l'autisme de ses enfants. Elle se bat depuis bientôt un an pour les récupérer. Elle bénéficie du soutien de près de 200 associations, pour qui ce cas est symptomatique de la méconnaissance et du mépris dans lequel sont souvent tenus les autistes et leur entourage.
Reportage de Marion Feutry et Jean-Pierre Rivet
"Elle n'a pas été entendue, rien n'a changé"
Présente à l'audience, la vice-présidente d'Envol Isère Autisme Ghislaine Lubart dénonce l'ignorance ou la grande méconnaissance des professionnels de l'enfance des caractéristiques complexes et multiples de l'autisme. "En France, on a 100 ans de retard, on est isolé en Europe. Les professionnels ne connaissent pas les formes d'autisme, et confondent les signes de maltraitances et les signes d'autismes."
"Ce qu'on reproche à Rachel, c'est d'avoir donné une image alarmiste et invalidante de ses enfants en osant dire qu'ils étaient autistes. Et le fait que le diagnostic soit établi, qu'on en ait la preuve scientifique, ne change a priori rien pour la cour, pour personne. C'est absolument dramatique" a déclaré son avocate Sophie Janois à l'issue de l'audience. Spécialisée dans ce type d'affaire, elle a produit une quarantaine de pièces qui démontrent scientifiquement l'autisme des enfants, et rejètent la possibilité d'un syndrome de Münchhausen par procuration (voir encadré).
La décision a été mise en délibéré au 24 juin. Le 26 février dernier, la cour d'appel de Grenoble avait confirmé la première décision de placement.
Définition du Syndrome de Münchhausen par procuration (SMPP)
Depuis Meadow (1977), le terme de SMPP caractérise donc le comportement d’un parent (la mère dans la majorité des cas) qui produit ou simule une maladie chez son enfant et qui présente fréquemment l’enfant à un médecin, afin d’obtenir examens complémentaires et traitements. Le parent responsable nie connaître la cause du symptôme, fuit dès que le médecin met sa parole en doute et, bien sûr, refuse catégoriquement de voir un psychiatre.Source : revue La psychiatrie de l'enfant, PUF 2004