Les personnels des maisons de retraite sont en grève, ce mardi, pour dénoncer leurs conditions de travail. Ils réclament davantage de moyens pour assurer "dignement" l'accueil des aînés. Des cortèges sont organisés sur l'ensemble du territoire de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Ils se disent "cassés", "usés", "déshumanisés". Les personnels des maisons de retraite sont en grève, ce mardi, pour réclamer davantage de moyens afin de s'occuper "dignement" des aînés. Une mobilisation nationale inédite dont l'ampleur est difficile à prévoir.
Fait exceptionnel, le mouvement social, lancé à l'appel d'une large intersyndicale (CGT, CFDT, FO, Unsa, CFTC, CFE-CGC et SUD), est soutenu par l'association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA) et de plusieurs associations de retraités. Des débrayages sont prévus sur tous le territoire d'Auvergne-Rhône-Alpes.
"Il n'y aura pas un grand rassemblement unique mais une diversité de petites mobilisations", avaient annoncé à la presse des représentants de l'intersyndicale, car "il est nécessaire d'assurer la continuité des soins et de ne pas abandonner les aînés".
Des cortèges partout dans la région
À Lyon, un cortège s'est élancé à 10h30 de l’Agence Régional de Santé (241 rue Garibaldi 69003) en direction de la Préfecture du Rhône (Rue Dunoir), où il devrait arriver vers midi.De même, des débrayages sont prévus dans les Ehpad de la Loire entre 10h30 et 11h ce mardi. Un rassemblement aura également lieu devant l'Agence régionale de santé (ARS) de Saint-Etienne à 15 heures.
La situation dans le département de la Loire, décrite par France Bleu, illustre un problème national : selon le conseil départemental, "la Loire compte 115 établissements pour personnes âgées, soit environ 10.000 places". Le taux d'encadrement serait en moyenne de 0.6, d'après les calculs de la CGT Santé, soit moins d'un soignant par résident.
Un personnel "à bout"
Les organisations syndicales réclament donc au moins un soignant par personne âgée. Partout, les mêmes témoignages de soignants, à bout, obligés d'abandonner une part de leur humanité pour se conformer aux cadences imposées par le manque de personnel.En Ardèche, une infirmière avait rendu sa blouse, début janvier, après avoir publié un long message sur Facebook, partagé plus de 20 000 fois : "Ce matin, j'ai craqué. Comme les 20 jours précédents. Je m'arrache les cheveux, au propre comme au figuré. Je presse les résidents pour finir péniblement ma distribution de médicaments à 10h15 (débutée à 7h15), je suis stressée donc stressante et à mon sens, maltraitante", confesse-t-elle. "Je ne souhaite à personne d'être brusqué comme on brusque les résidents."
Agnès Buzyn avait annoncé la semaine dernière le déblocage de 50 millions d'euros supplémentaires pour les établissements en difficulté, somme jugée insuffisante par les syndicats. Près de 600.000 personnes vivent aujourd'hui dans l'un des 7.200 Ehpad, selon le ministère de la Santé. 400.000 personnes y travaillent.
A Grenoble, plusieurs dizaines de manifestants se sont retrouvés en début d'après-midi sur la place de Verdun. Une délégation intersyndicale devait être reçue en préfecture. Le cortège devait ensuite poursuivre sa route jusqu'au siège du département.
Une manifestation était également prévue vers 16 heures à Chambéry.