Une étude nationale de l'Ifrap, fondation dédiée à l'analyse des politiques publiques, après l'analyse de la Cour des Comptes, démontre la gestion nuancée de la région Auvergne Rhône Alpes, avec des dépenses totales en augmentation de 17%. On vous explique.
Une étude nationale menée par l'Ifrap, fondation spécialisée dans l'analyse et la recherche sur les administrations et les politiques publiques, permet, en lien avec les constats de la Cour des Comptes, de mesurer l'évolution des dépenses des nouvelles grandes régions. Et de dresser un état des lieux de la gestion de la région Auvergne Rhône Alpes.
Des dépenses totales en hausse de 17%
De premier abord, les dépenses totales des nouvelles grandes régions ont globalement augmenté depuis leur création. Mais une partie de cette augmentation s'explique par des transferts de compétences "transports interurbains et scolaires" et "attractivité économique" que les régions ont récupérées des départements, et des dépenses ponctuelles liées à la fusion des régions (logo, harmonisation salariale...).
La région Auvergne Rhône Alpes n'échappe pas à l'envolée, avec une hausse de 17% des dépenses par habitants sur un an. Le montant de la dépense globale par habitant semble, en comparaison des autres régions, dans la moyenne des autres régions. Mais la hausse de 17% des dépenses en un an, est l'une des plus importantes, quand l'Ile de France parvient à diminuer ses coûts de 1%.
Dans son dernier rapport sur les finances locales, la Cour des comptes explique néanmoins que les régions ont vu leur situation financière s’améliorer malgré la baisse des dotations de l’État. Grâce à des recettes dynamiques, elles sont parvenues à dégager de l’épargne nette en maîtrisant également leurs charges courantes et de personnel. Hors transports, les dépenses "de fonctionnement" ont baissé de 45 millions, tandis que les dépenses "d’investissement" ont progressé de 741 millions au total.
Moins de dépenses "de fonctionnement", beaucoup plus "d'investissement"
Selon la fondation, la région Auvergne Rhône Alpes est celle qui a le moins augmenté ses dépenses de fonctionnement en 2017 en France. Avec 205 euros de dépenses réelles de fonctionnement hors transport par habitant, la région Auvergne Rhône-Alpes est loin devant l’Occitanie, dernière élève, avec 321 € par habitant. En Auvergne-Rhône-Alpes, on constate, selon l'IFRAP, "une baisse d'environ 110 millions d'euros en 2017 par rapport à 2016".
Dans le détail, environ 3 millions ont été gagnés sur des économies de pure gestion (locaux, contrats, fonction achat), 6 millions grâce à la gestion de la dette, et le reste, selon la région, semble être attribuable à des baisses de dépenses d’intervention.
Mais d'importantes sommes, par exemple dans le domaine de la recherche, semblent en fait avoir été converties en dépenses "d'investissement", qui ont explosé, elles, de 47%.
Un fort absentéisme en Auvergne Rhône-Alpes
La fondation relève que la région est celle qui subit le plus important taux d'absentéisme, avec 37 jours en moyenne d'absence pour maladie par agent au siège des régions et dans les lycées, contre 23 en Bretagne, meilleur élève du classement.
Interrogé par l'IFPRA, la région Auvergne-Rhône-Alpes s'explique: elle a insisté "sur la situation particulière des contractuels dans les lycées, non pris en compte dans l’effectif comptabilisé au 31 décembre 2016. Elle a ainsi indiqué qu’en réintégrant ces agents dans le calcul, le nombre de jours d’absence serait de 30,9 jours en 2015, 32,9 en 2016 et 34,4 en 2017."
Dépenses de personnels et dette en baisse
D'autres postes de dépenses montrent une gestion apparemment maîtrisée des dépenses de la région Auvergne-Rhône-Alpes, notamment celles des personnels, ceux de formation professionnelle, et le coût de l'endettement. Ainsi selon la fondation, entre 2016 et 2017, "2 régions sont parvenues à ne pas faire progresser leurs dépenses de personnel : Auvergne-Rhône-Alpes et les Hauts-de-France, qui augmentent pourtant de façon quasi automatique avec l’ancienneté." Dans le détail, la bonne performance d’Auvergne Rhône-Alpes s’explique par des effectifs en baisse (et une forte population), rapporte l'IFRAP.
Par ailleurs, l'endettement serait réduit sur le territoire : "les régions Auvergne-Rhône-Alpes et Normandie ont réduit l’encours de leur dette grâce à l’amélioration de leur épargne nette".
Ces données viendront-elles conforter le bilan du président de la région, Laurent Wauquiez ? Le mois dernier, celui-ci prétendait être, dans des pages de publicité de la presse régionale et nationale, "à la tête de la région la mieux gérée de France". Fort des constats de la Cour des Comptes, qui relevait en effet la baisse de l'endettement, et les baisses de dépenses de fonctionnement. Mais les oppositions socialistes, écologistes, ou LREM, dénonçaient des "subterfuges comptables" et autres "tours de passe-passe".