Calendrier de l'Avent : la formule bières ou saucissons cartonne , "un cadeau avant l'heure"

Le marché du calendrier de l’Avent se renforce chaque année en déclinant différents types de produits. Une boucherie implantée depuis 50 ans à la Grand-Croix dans la Loire fait un tabac en remplaçant les traditionnels chocolats par du saucisson, d'autres mettent des bières ou des produits de beauté.

Dans les calendriers de l’Avent, les images pieuses ont aujourd’hui largement cédé la place aux chocolats et autres gourmandises. Les 24 vignettes illustrées de scènes bibliques ne permettent plus de contenir la fièvre qui gagne nos progénitures à l’approche du 24 décembre. Il leur faut du sucre ! Il arrive même que certains impatients appâtés par les friandises forcent avant l’heure les fenêtres de la belle maison cartonnée. Sacrilège de novembre !

Et si les traditionnelles éphémérides chrétiennes n’ont plus la côte, que la foi dévie au bénéfice des confiseurs, voilà que les salaisons entrent aujourd’hui dans la danse de l’Avent. La maison Bayle, bouchers charcutiers depuis 3 générations à Grand-Croix (Loire), met cette année un peu de sel et de gras dans les 24 cases de son calendrier. A chaque jour sa saucisse : sèche, nature, pimentée... Une dizaine de saveurs à humer au réveil et à déguster à l’apéritif. L’idée vient d’une plateforme internet spécialisée dans la vente en ligne de calendrier.

C’est elle qui a démarché le charcutier. Force est de constater que le saucisson en coffret compartimenté... Ça marche.

On avait peur d’avoir trop de calendriers. On est parti sur un petit prévisionnel, on s’est dit qu’on en faisait 3.000, on a eu peur de ne pas les vendre, on est descendu à 2500. Aujourd’hui on se retrouve à en faire 8.000 et on n'en a pas assez… C’est génial de voir que ça fonctionne et de voir que les clients sont réceptifs.  

Marion Mathely, chargée de la communication et du marketing chez la maison Bayle.

La famille Bayle travaille en partenariat avec l’Esat (Établissement et service d'aide par le travail) du coin pour conditionner ses coffrets. La maison revendique une production locale et artisanale pour ces minis saucissons de l’Avent.  Derrière les étals et vitrines de la boutique, André le doyen navigue entre rôtis de veau Forézien et les basses côtes venues tout droit du Mézenc . Il a fondé la maison Bayle il y a 50 ans. A l’époque, les calendriers ne ressemblaient à rien d’autre qu’à... Des calendriers !

« Moi je suis un petit peu dépassé mais je m’aperçois que je suis très en retard. J’étais un peu perdu mais quand je vois le développement je me dis qu’il y a encore beaucoup de choses à faire et à vendre. A mon âge, ce n’était pas dans notre façon de faire du commerce. On savait découper un morceau de viande, le vendre, expliquer comment le cuisiner. Ca s’arrêtait là ».

Fort de cette expérience lucrative (42,80 euros le coffret) le boucher ligérien hésite à augmenter sa production pour l’année prochaine. L’idée aura sans doute fait des petits sur le marché du calendrier saucissonné.

Le business du calendrier de l’Avent ou Noël avant l’heure ?

En 1908, Gerhard Lang, un éditeur de livres allemand crée le 1er calendrier de l’Avent illustré. 50 ans plus tard le voilà truffé de chocolats et commercialisé. Aujourd’hui Le marché de la boîte aux 24 fenêtres se décline sous toutes les formes et tous les produits. Charcuterie, fromages, cosmétique ou encore sextoys… Un public de plus en plus large, des plus gourmands aux plus avertis, devient la cible des commerçants à l’approche de Noël.

En janvier 2019, Constant Ferrand, un jeune entrepreneur, ouvre sa cave à bières dans le 7e arrondissement de Lyon. Dès la première année, inspiré par d’autres cavistes et brasseurs, il propose son coffret aux 24 bières artisanales :

« La première année, on en a vendu une cinquantaine. L’année suivante 408 coffrets exactement ont été vendus avant Noël et cette année, on espère en vendre 600. On propose des ventes personnalisées. Aussi, le Covid a accéléré l’idée de vendre le produit en ligne »

Diplômé d’un Master dans une école de commerce, le caviste était en quête d’évènements marquants pour proposer ses offres spéciales. Et dans la catégorie « à ne pas manquer » quand on fait du business, Noël reste incontournable. Les calendriers de Constant représentent une des 2 plus grosses ventes de l’année.

C’est un cadeau anticipé qui ne remplace pas Noël. L’attention n’est pas la même.

Constant Ferrand, caviste

Oui mais voilà,  pour les puristes du cadeau au pied du sapin déballé le jour J, les aficionados de la tradition et des montres bien à l’heure, ces calendriers mercantiles ne sonneraient-ils pas le glas du rituel ? Un Noel avant l’heure dénaturant la magie tant attendue ?

Pour Constant Ferrand, ces cadeaux « compte à rebours » n’ont pas la même portée que ceux offerts le 25 décembre : 

« C’est un cadeau avant le grand jour souvent destiné aux amis, un cadeau plaisir offert par exemple par les entreprises pour remercier leurs employés. C’est un cadeau anticipé qui ne remplace pas Noël. L’attention n’est pas la même. C’est symbolique. Mais c’est vrai que le calendrier de l’Avent est devenu une fête commerciale permettant de faire découvrir des produits. Ça se démocratise. Avant c’était pour les enfants, aujourd’hui c’est pour tout le monde. »

Ce marché stratégique pour séduire de nouveaux clients ne cesse de se développer. Reste pour les commerçants à bien gérer leurs stocks car ce business éphémère se rendormira dès le 1er décembre pour hiverner toute une année.

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