Certains ont peut-être encore du mal à y croire mais l’annulation du Festival International de Théâtre de Rue privera bien Aurillac de tous ses spectacles, à la fin août. Les Arts de la rue y perdent, pour cette année, une fabuleuse vitrine.
Il va falloir s’y résoudre : cet été, les rues d’Aurillac ne battront pas au rythme des 250 000 festivaliers, accueillis en moyenne, chaque année. Cette édition qui aurait du être la 35ème du Festival International de Théâtre de Rue ne nous fera ni rire, ni vibrer, ni interroger sur le monde et ses dérives. Pleurer, à la rigueur, par son absence. Car aucun spectacle ne se tiendra. « Suite à l’annonce du gouvernement, le 28 avril dernier, interdisant les rassemblements publics de plus de 5000 personnes, le Festival ne peut pas être organisé. C’est la mort dans l’âme que nous avons annulé mais nous l’avons fait en responsabilité », explique Frédéric Rémy, le directeur artistique du Festival et de l’association Éclat.
Être présent dans l’esprit des gens
Faute de spectacles, tous déprogrammés, l’équipe d’organisation réfléchit pour que l’esprit du Festival soit présent pendant la semaine où il devait se tenir, du 19 au 22 août. « On réfléchit pour que les gens ne nous oublient pas cette semaine-là, mais pour l’instant, la forme que tout cela prendra reste très floue. Sans convocation de public, c’est une certitude. Une installation artistique peut-être. Il est trop tôt pour en dire plus. On ne sait toujours pas ce qui sera possible et réalisable. Mais il n’est pas question de remplacer le Festival par une autre formule, dans l’espace public », souligne Frédéric Rémy.Soutenir les compagnies
Pour cette 35ème édition, une vingtaine de compagnies étaient invitées dans le cadre de la sélection officielle. Conscient des difficultés qu’elles rencontrent, Frédéric Rémy assure vouloir assumer ses responsabilités pour que les compagnies n’endossent pas seules les conséquences économiques de l’annulation du Festival. Plusieurs possibilités sont à l’étude notamment celle d’une indemnisation des artistes ou d’une invitation ultérieure des compagnies, dans un cadre hors Festival. Frédéric Rémy avoue la phase de tâtonnement dans laquelle il se trouve avec son équipe : « Nous sommes en train de ré-écrire une histoire. Il faut rebondir et remplir au mieux nos missions pour préserver et aider la création ».Éclat toujours au travail
Si le Festival est annulé, le travail de l’association qui le porte, Éclat, ne s’est pas arrêté. Depuis 2017, Éclat est labellisée Centre National des Arts de la Rue et de l’Espace Public. Son cahier des charges et ses missions vont au-delà du seul Festival. L’accueil de compagnies en résidence dans sa structure du Parapluie, à Naucelles, un temps suspendu, devrait reprendre dès juin prochain et les résidences qui n’ont pas pu se tenir seront reportées. « De la même manière, nous maintiendrons nos aides à la création », rassure Frédéric Rémy. Idem pour l’action culturelle sur le territoire.A l’heure où certains organisateurs de Festival s’inquiètent d’être fragilisés économiquement par l’annulation de leur édition 2020, Frédéric Rémy s’avoue serein : « L’annulation de cette édition ne signifie pas la mort du Festival d’Aurillac. Nous sommes un Centre National et à ce titre, nous sommes soutenus par toutes les tutelles, que ce soit l’État et les collectivités. Il n’y a pas de questionnement à ce niveau-là. »
Frédéric Rémy le promet, des rendez-vous artistiques seront bien proposés au public peut-être dès l’automne, en excluant une forme festivalière. Reste à en imaginer les contours et l’adéquation avec les consignes sanitaires.