Retraites : pourquoi ce député LR du Cantal votera contre une réforme "injuste" et "purement comptable"

En dépit des consignes de son parti, les Républicains, le député du Cantal Vincent Descoeur ne votera pas en faveur du projet de réforme des retraites. Il parle d’une réforme « purement comptable » et « injuste ». Il s’en explique.

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Il ne mâche pas ses mots. Depuis l’annonce du projet de réforme des retraites, le député (LR) du Cantal Vincent Descoeur est vent debout contre cette idée portée par le gouvernement d’Elisabeth Borne. N’en déplaise à son camp, les Républicains, dont le bureau politique a voté "à une quasi unanimité", selon Eric Ciotti, mardi 14 février une "motion favorable au vote de cette réforme". Vincent Descoeur explique pourquoi il est contre ce projet : « Avant même l’examen du texte, j’ai regretté que ce soit une réforme purement comptable et que je considère personnellement comme injuste. Cette réforme va pénaliser un certain nombre de catégories de travailleurs. On a beaucoup débattu des carrières longues au sein de mon parti. Cette réforme va pénaliser les travailleurs qui sont les plus éprouvés physiquement et les femmes, sachant qu’elles sont déjà victimes d’injustices criantes qui vont s’aggraver. Lorsque je dis que c’est une réforme purement comptable, j’aurais souhaité qu’elle aborde les questions de temps de travail, de durée de cotisation et surtout la question du partage de l’effort qui est demandé, entre ceux qui travaillent dur, ceux qui travaillent un peu moins et ceux qui se tiennent éloignés de l’emploi. Ce report pose un vrai problème ». Il cite en exemple les soignants des EHPAD et des hôpitaux, les salariés du bâtiment et les agriculteurs : « On a tous fait le constat de leur épuisement et on leur demande de travailler deux ans de plus ».

"Je suis pour les 62 ans"

Vincent Descoeur est farouchement contre le report de l’âge légal à 64 ans. Il était déjà opposé à la proposition de la candidate à l’élection présidentielle de son parti, Valérie Pécresse, de le reporter à 65 ans : « Sur cette question du report de l’âge légal, qui était aussi dans le programme de la candidate des Républicains, ma position n’a pas varié. J’ai toujours émis des réserves sur cette question. Je l’ai clairement signifié à l’occasion de chaque campagne électorale. Je suis pour les 62 ans. Je n’ai jamais soutenu l’idée d’un retour à 65 ans. Je pense que notre parti devrait s’interroger sur des mesures de ce type qui sont en décalage total avec les aspirations de la société. A mon avis, le score des derniers scrutins suffit à le rappeler ».

" Mon vote se construit sur une conviction qui n’a pas changé"

En dépit de cette motion votée par son camp, le député du Cantal ne souhaite pas plier. Il est droit dans ses bottes : « Il y a un certain nombre d’élus qui sont favorables à cette réforme et qui le font savoir. Il y en a d’autres comme moi qui sont plus que réservés et qui ont indiqué s’y opposer. Il y a certes des tensions mais on peut se retrouver au-delà de ce débat. Il faut relativiser ces tensions. Le parti a publié une motion soutenant la réforme mais je suis très clair : je respecte celles et ceux qui ont pu l’adopter mais, elle n’est pas de nature à modifier mon vote, à aucun moment. Mon vote se construit sur une conviction qui n’a pas changé. Je voterai contre cette réforme des retraites. J’entends bien user de ma liberté de vote ». D’ailleurs, dès mardi 14 février, il a fait partie des 38 députés LR de l’Assemblée nationale qui ont infligé un revers au gouvernement, en rejetant l’idée d’un index seniors : « S’agissant de l’article 2, c’est un vote contre dans le sens où cet index senior que le gouvernement propose pour faire passer sa proposition de report de l’âge légal est un gadget. Ce n’est pas de nature à modifier en profondeur la question de l’emploi des seniors. Avec un âge pivot de 62 ans, il y a déjà des difficultés. Cet index senior est fait pour faire accepter le report de l’âge légal ». Trois autres députés LR auvergnats se sont aussi prononcés contre : Jean-Yves Bony, Nicolas Ray et Isabelle Valentin.

"Le moment est mal choisi"

Par ailleurs, Vincent Descoeur regrette que le gouvernement ait engagé cette réforme dans un tel contexte : « Par définition, il n’y a pas de bon moment pour débattre d’une réforme comme celle-ci, mais là, le calendrier est particulièrement mal choisi. La préoccupation de tous les instants pour l’ensemble de nos concitoyens est la question du retour de l’inflation et de la hausse vertigineuse des prix de l’énergie. Le moment ne se prête pas à cet exercice. On peut juger nécessaire une réforme mais je répète, le moment est mal choisi ».
Elisabeth Borne a lâché du lest au sujet des carrières longues, afin de rallier les Républicains. Un premier pas dont se félicite en partie le député cantalien : « Nous avons fait des propositions, notamment au sujet des carrières longues. C’était indispensable. Nous avons obtenu un certain nombre de réponses favorables et on s’en réjouit. Elles ne sont pas encore intégrées dans le texte. Leur mise en œuvre passera sûrement par des décrets. Pour le moment le texte est en l’état. Au passage, dans la version initiale, pour ceux qui ont commencé à travailler le plus tôt, il y avait une catégorie promise à 44 années de cotisation, alors que la majorité des Français va vers 43 ans. Cette histoire des carrières longues était l’illustration d’une injustice criante qui était dans ce texte. Si demain, on peut la corriger, c’est une excellente chose ».
Vincent Descoeur s’interroge également sur la fameuse question des 1 200 euros de pension : « Il y a un autre point qui fait débat : les 1 200 euros. Le gouvernement a beaucoup communiqué à ce sujet. Nous avons milité pour que les 1 200 euros ne concernent pas seulement les futurs retraités mais les retraités actuels. Il y a de vraies interrogations sur le nombre de personnes réellement concernées ».

"J’attends de ces trois jours qu’on en arrive à cet article 7"

Le député LR évoque les futurs débats à l’Assemblée nationale : « Par moments, l’image que l’on renvoie de la représentation nationale n’est pas très à notre avantage. Un certain nombre de manœuvres d’obstruction frisent le ridicule, avec des amendements répétés dans les mêmes termes, des prises de position de certains groupes politiques qui sont très limites. Le rendez-vous qui est devant nous c’est l’article 7, qui pose la question du report de l’âge légal. Il pose un problème car l’article suivant traite des carrières longues et on nous propose curieusement de nous prononcer sur l’âge légal. Ce n’est pas très logique. J’attends de ces trois jours qu’on en arrive à cet article 7. Pour cela, il faut notamment que la NUPES, qui a déposé des milliers d’amendements, nous donne les moyens pour pouvoir débattre ».
L’examen du projet de réforme doit se conclure à l’Assemblée nationale vendredi 17 février à minuit. D’ici là, Vincent Descoeur compte bien faire entendre sa voix dans l'hémicycle.

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